2015 : l'art boycotté

Samantha Deman
18 février 2015
En listant les derniers événements de censure, boycott ou atteinte à la liberté d'expression dans l'univers de l'art contemporain depuis le début de l'année 2015, la rédaction d'Arts Hebdos Médias met en lumière une cristallisation et une dérive très problématiques jusqu'au coeur de la culture, champ par excellence de l'expression libre, libératrice et salvatrice. Revue par dates.

Les chiffres de Reporters sans Frontières. Au 11 février 2015, l’association dénombre 13 journalistes tués, 165 journalistes emprisonnés et 178 net-citoyens emprisonnés.

Février 2015. Le journal en ligne américain e-flux publie un numéro consacré aux boycotts dans l’art contemporain, à leurs sources comme aux réactions qu’ils suscitent. Plus largement, c’est la question de l’engagement de l’artiste, ou pas, qui est étudiée à travers des contributions de plasticiens et de philosophes, notamment.

3 février 2015. Médiapart publie une lettre de Zoulikha Bouabdellah, deux jours après la décision de l’artiste de retirer définitivement l’œuvre Silence de l’exposition Fémina ou la réinterprétation des modèles, présentée au Pavillon Vendôme à Clichy-la-Garenne (lire ci-dessous). Une décision annoncée par les commissaires de l’expo Charlotte Boudon et Christine Ollier, qui précisaient dans un communiqué que « la majorité » des autres artistes avait en conséquence demandé le retrait de leurs pièces.

1er février 2015. Le Museo Jumex, situé à Mexico, s’autocensure en décidant d’annuler l’exposition d’Hermann Nitsch – qui devait se tenir du 27 février au 14 juin – sous la pression d’une pétition ayant recueilli 5 000 signatures et dénonçant l’utilisation régulière par l’artiste autrichien d’animaux – carcasses et sang notamment. A 76 ans, c’est la première fois qu’Hermann Nitsch voit son travail controversé retiré d’une programmation. Plus d’informations et sa réaction à lire sur http://news.artnet.com.

Samedi 31 janvier 2015. L’Etat islamique revendique l’exécution du journaliste japonais Kenji Goto, 47 ans. Il avait été enlevé fin octobre 2014 en Syrie.

Des chaussures contre l’extrémisme : L’artiste irakien Akeel Khreef a entrepris de dénoncer la « laideur » du groupe Etat islamique (EI) en utilisant à la fois pour métaphore et support de vieilles chaussures mises au rebut. « Pour s’en sortir, il faut que tout le monde se mobilise, confiait-il à l’AFP en janvier dernier. Médecins, artistes, politiciens, parents et enseignants, chacun doit mettre sa pierre à l’édifice. »

Samedi 30 janvier 2015. Le street artiste Combo se fait violemment agresser porte Dorée, à Paris, pour avoir apposé une affiche le représentant photographié en djellabah à côté du mot « coexist » – le C étant remplacé par un croissant musulman, le X par une étoile de David et le T par une croix chrétienne...

Samedi 24 janvier. L’exposition Fémina ou la réinterprétation des modèles ouvre ses portes au Pavillon Vendôme à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Le jour même, Silence, une œuvre de Zoulikha Bouabdellah – 28 tapis de prières sur lesquels sont posés 28 escarpins dorés – est retirée, après que la mairie eut fait part d’un message de la Fédération des associations musulmanes de la ville avertissant du risque potentiel d’incidents. En réaction, l’artiste Orlan a demandé que son œuvre – Orlan en Grande Odalisque d’Ingres (1977) – soit également décrochée et une lettre ouverte a été publiée dénonçant « cette atteinte rampante à la liberté d’expression ». ...

Dans le cadre d’un partenariat avec Arts Hebdo Medias, un site français d’information dédié à l’art contemporain, nous vous proposons de lire la suite de cet article sur http://www.artshebdomedias.com/article/110215-tous-les-jours-charlie-pour-une-irreductible-liberte-expression

Samantha Deman