Adrien Lucca, le maître de la lumière

Gilles Bechet
08 octobre 2020

Chez LMNO, Adrien Lucca propose de complexes compositions chromatiques qui arbitrent un fascinant dialogue entre lumière et matière.

Adrien Lucca aurait pu être scientifique. Il est artiste. Sa matière première, c’est la lumière et ses infinies variations chromatiques. Invisible sans un filtre ou un support, la lumière est un flux d’énergie qui transforme tout ce qu’elle touche. Dans un cadre naturel, elle varie en fonction de l’environnement et des conditions climatiques. Artificielle, elle est manipulable à loisir pour se jouer de nos perceptions.

Sur papier, Adrien Lucca réalise des compositions à la rigueur mathématique où les complexes superpositions et associations de teintes déjouent les certitudes du regard. Si la lumière seule sans matière est invisible, il en va de même pour la matière, et donc les pigments, qui sans lumière sont invisibles. La lumière, c’est l’union de la lumière et de la matière. L’un n’existe pas sans l’autre. Sculpteur, il s’est aussi intéressé aux vitraux à même de reproduire des couleurs impossibles à peindre ou à imprimer. En 2015, il a créé pour le métro de Montréal une œuvre qui décline en 14 pièces toute l'évolution des couleurs du soleil lors du solstice d'été à Bruxelles. Dans sa nouvelle exposition à la galerie LMNO, l’artiste montre les premiers résultats d’un travail de recherche mené sous l’égide du Fonds pour la Recherche en Art et du Fonds national pour la Recherche scientifique. Dans sa série single-many, il associe des grilles de motifs géométriques peints sur papier à une lumière blanche programmée qui, par moments, singularise chaque signe puis, à d’autres, uniformise la perception colorée de l’ensemble de la composition.

On ne s’étonnera pas qu’une des œuvres est intitulée Méditation, car c’est la durée et les imperceptibles vagues de lumière qui guident la perception. Il y a quelque chose de magique de se poser devant la peinture pour la voir s’animer et évoluer sous nos yeux sans que l’on perçoive le moindre changement dans la lumière ambiante. Dans cette dernière composition, la quantité et la répartition des pigments changent la perception en fonction de la distance. Si de loin, la couleur moyenne reste constante, ce n’est qu’en s’approchant qu’on distingue des variations pour chaque élément.

Deux lampes ciels sont adossées contre le mur, elles reproduisent en continuité le dégradé de nuances lumineuses d’un coucher de soleil partant d’un blanc neutre vers l’orangé, pour l’une, et vers le bleu ciel pour l’autre. Une autre sculpture enferme une lumière rouge qui donne l’impression d’être une matière sans profondeur ni épaisseur bien qu’elle soit produite par une lumière rouge très faible qui s’allume puis s’éteint périodiquement.

Alchimiste de la lumière, Adrien Lucca transforme l’invisible pour nous donner à voir.

Adrien Lucca
La lumière est invisible
LMNO
31 rue de la Concorde 31
1050 Bruxelles
Jusqu’au 24 octobre
Du jeudi au samedi de 11h à 18h
www.lmno.be

Gilles Bechet

Rédacteur en chef

Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT

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