L’Enfant Sauvage présente Relaxing Chamber, une exposition photographique d’Aleksei Kazantsev, qui s’accompagne d’un son créé par Piotr Tolmachov.
Aleksei Kazantsev est un artiste visuel employant la photographie comme médium. Son intérêt pour les états de conscience modifiés l’amène à rechercher dans la réalité une distorsion des sens et de la perception. Sa série Relaxing Chamber, en perpétuelle mutation, explore les relations entre la psyché humaine et le symbolisme archétypal des animaux.
Dès son entrée dans l’espace de L’Enfant Sauvage, le spectateur ressent une étrange atmosphère qui évoque les collections d’entomologie et d’histoire naturelle des cabinets de curiosités. Un ensemble de photographies de même format, aux noir et blanc suaves, s’aligne d’emblée, épinglées aux murs comme une collection d’échantillons. Dans cette série, Aleksei Kazantsev associe des portraits humains au regard parfois étrange, à des éléments organiques, pinces, tentacules, peaux rugueuses, épines... Cet assemblage hétéroclite rappelle celui de ces cabinets qui fonctionnaient sur des affinités particulières entre des éléments dissemblables, conduisant le spectateur à produire à son tour de nouvelles associations. De la mise en relation de ces images naissent des combinaisons intimes, des images mentales polymorphes.
Les spécimens contenus dans les échantillons d’images d’Aleksei Kazantsev sont ainsi saisis dans une forme d’étrangeté rappelant celle que donne le formol aux créatures des muséums. Comme endormis, des visages aux paupières lourdes, des morceaux d’animaux qu’il est parfois impossible de reconnaître, se côtoient sans se voir dans cet éther. La position, et l’aspect même de ces êtres qui semble flotter, évoquent l’état du fœtus baignant dans le liquide amniotique. Un temps de sensations où les pensées n'étaient pas encore emprisonnées dans l’enveloppe des mots. Ce sont ces sensations, accompagnées par le son caverneux de Piotr Tolmachov, qui nous contiennent tout au long de l’exposition, jusqu’au sous-sol, où de très longs tirages verticaux qui se déroulent jusqu’au sol environnent complètement le spectateur.
Le titre de l’exposition, Relaxing Chamber, fait d’ailleurs référence à la chambre de relaxation, un récipient utilisé en entomologie pour détendre les corps des insectes rigidifiés par la mort, afin de les rendre manipulables et leur restituer leurs formes d’origine, souvent déformées par la rigor mortis. C’est l’effet que produit la structure même de l’espace de L’Enfant Sauvage, dans laquelle baignent les photographies d’Aleksei Kazantsev, elles-mêmes prises comme des parties d’êtres vivants. La matérialité douce, presque tactile, de ses photographies évoque les milieux aquatiques, dans lesquels les mouvements, le temps et les sons s’étendent de manière si particulière. Ce travail sensible et délicat est à découvrir jusqu’au 14 mai.
Aleksei Kazantsev
Relaxing Chamber
L’Enfant Sauvage
23 rue de l'Enseignement
1000 Bruxelles
Jusqu’au 14 mai
Du vendredi au dimanche de 14h30 à 19h
L'Enfant Sauvage
Journaliste
Diplômée de l’ERG en Arts Visuels, photographe mais pas seulement, Oriane Thomasson s’intéresse à l’art dans tous ses états, avec une prédilection pour les arts non-européen, le dessin, et la peinture. Passionnée de littérature, l’histoire naturelle et les voyages sont pour elle à la fois une source d’inspiration, et de fascination. Après avoir obtenu l’agrégation en arts plastique, écrire pour Mu in the city sur les expositions qu’elle voit lui permet de partager un regard sur l’art, et son enthousiasme pour les artistes.
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