Anne Desobry expose au Salon d'art ses peintures et dessins. Des images nées d'une volonté obsessionnelle de décrypter le trop-plein d'images et de mots dans un monde indéchiffrable. Jusqu'au 15 juillet.
Certaines musiques n'ont pas besoin de notes pour s'imprégner en nous. Il y a la musique qu'on entend et celle qui reste dans notre cerveau, dans nos cellules. Les peintures d'Anne Desobry sont comme des petites musiques, simples en apparence, mais qui s'incrustent et font écho dans notre être.
On ne saura jamais la musique qu'entendent les oreilles que peint Anne Desobry, comme des coquillages ramassés sur une plage. Et c'est sans doute mieux. Privilégiant les petits formats, elle peint aussi des mains, on dirait des mains qui parlent mais qu'on ne comprend pas. Des ciels troués de lumière, une tornade, un mur de brique, un parquet, des lieux anonymes qui attendent une histoire. Des fragments de lieux qui portent en eux l'histoire de leur destruction. Et puis, des objets en apparence banals comme une paire de lunettes, mais brisées, elles aussi. Il y a aussi ces silhouettes de gens qu'on devine enfermés derrière les grillages, des gens qui s'agglutinent pour ne pas tomber dans le précipice.
Anne Desobry pratique l'huile et le lavis, mêlant parfois les deux techniques dans le même dessin, posant sur un fond de théâtrales volutes d'encre un dessin très précis d'une maison semblable à une maquette de chemin de fer. Une maison aux murs blancs noircis par du noir de fumée, d'où suinte une menace diffuse.
Dissonante et éphémère, l'information est une autre musique qui nous parle du monde en s'infiltrant et se dissipant dans le quotidien. Anne Desobry s'empare de la thématique de la dissipation de l'information. Chez elle, dans son atelier, elle en accumule la matière première qu'est le journal dont les coupures s'entassent et dont elle se nourrit. Une matière volatile qui se répète jusqu'à l'écœurement et qu'elle décalque au noir, par transparence, ou qu'elle laisse disparaître, évanouis dans un nuage de lavis.
La peinture d'Anne Desobry, qui expose au Salon d'art depuis 1995, est une peinture de signes et de symboles, souvent récurrents, des images du monde et du quotidien qui émergent des errances de la pensée. Les images d'Anne Desobry composent un rébus intime que chacun déchiffrera en fonction de ses codes émotionnels et de sa relation au monde. Une musique dissonante et insistante.
Anne Desobry
répétition(s)
Le Salon d'art
81 rue de l'Hôtel des Monnaies
1060 Bruxelles
Jusqu'au 15 juillet
du mardi au vendredi de 14 à 18h30
le samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 17h
www.lesalondart.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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