Chez Michel Rein, Anne-Marie Schneider présente de magnifiques dessins et, pour la première fois, une série de céramiques où elle confie à la terre plutôt qu'au papier son trait et ses formes minimalistes. Jusqu'au 14 juillet.
Dans les dessins d'Anne-Marie Schneider, la ligne est directe, sans fioritures. Dans ces fulgurances, il n'y a rien de superflu, ni d'anecdotique. Il y a peu de couleurs, ni de décor. Juste des corps. Qui se mélangent, se superposent. La ligne peut être aussi intime, sensible comme un sismographe et aventureuse comme une baguette de sourcier. Le dessin tient chez elle quasiment de l'hygiène de vie.
Il y a donc une forte composante autobiographique dans son travail, qui reste pourtant allusif et largement indéchiffrable au spectateur. Elle dessine souvent des personnages silhouettes, sans âge, sans genre. Une manière pour elle d'aller au plus près de son monde intime, et quoi de plus intime que le corps. C'est un corps métaphore qui prend l'empreinte du monde. Une empreinte qui dans sa nouvelle exposition chez Michel Rein se marque dans la terre. Pour la première fois, l'artiste présente une série de céramiques. Une pratique occasionnelle devenue de plus en plus régulière. Ce sont des bas-reliefs petit format que l'on découvre accrochées aux cimaises, à hauteur de regard. Le support change, mais pas le trait. La terre devient la feuille. Elle garde l'empreinte d'un trait ou d'une forme réduits à une présence. L'épure est telle que ces traits auraient pu être tracés hier comme il y a cinq mille ans.
Ces pièces sont cuites sans émail, pour éviter tout apprêt et pour que rien ne vienne obturer la finesse du trait ou la trace des doigts qui les ont façonnés. Entre sculpture et dessin, les corps qu'elle nous donne à voir déjouent les plans de la représentation. Elle joue avec les formes pour faire surgir ses silhouettes d'une enveloppe ou d'un carré qui pourrait évoquer une couette ou la maison. Accrochées à hauteur de regard, les céramiques d'Anne-Marie Schneider ressemblent à des ex-voto, parce que leurs formes archétypales peuvent contenir les réminiscences du passé comme les souhaits pour l'avenir.
Jusqu'au 10 septembre 2023, le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris présente également une trentaine d'œuvres dans une salle entièrement consacrée à l'artiste.
Anne-Marie Schneider
From the Line to the Body
Michel Rein Brussels
51A rue Washington
1050 Bruxelles
Jusqu'au 14 juillet
Du jeudi au samedi de 10h à 18h
www.michelrein.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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