C'est la troisième édition d'Art au Centre à Liège. AAC a été créé par Maxime Moinet, fondateur de Mouvements Sans Titre, qui a constaté que de nombreux espaces commerciaux étaient vides dans l'ancien centre commercial de Liège et qui a pensé utiliser ces vitrines vides comme plateformes d'exposition. Liège Gestion Centre Ville, organisation de la classe moyenne à Liège, est le judicieux partenaire organisateur de l'événement.
L'idée de départ est que l'art contemporain peut redonner de la vitalité à ce quartier commerçant, où déambulent 300 000 à 500 000 passants chaque année. Avec ce projet, Moinet n'en est pas à son coup d’essai. En 2018, dans le cadre des élections locales, avec son projet Party Content, il a fondé un parti politique avec l'intention d'accéder gratuitement aux panneaux électoraux et d'y exposer des affiches réalisées par des artistes tels que Rinus Van De Velde, Jacques Charlier, Emilio Lopez Menchero, Kendell Geers… Cette élection-exposition a généré beaucoup d'enthousiasme.
Pour AAC, Maxime Moinet s'est entouré de dix commissaires, qui veillent à ce qu'environ 25 vitrines soient remplies par des artistes. Des artistes locaux - l'Académie des Beaux-Arts de Liège est partenaire -, belges et internationaux (cette dernière sélection malheureusement un peu étouffée dans l'œuf par le coronavirus). L'accent est mis sur la recherche de talents émergents plutôt que sur la présentation de grosses pointures du marché de l'art. Outre la sélection des commissaires (critiques, galeristes, historiens de l'art et conservateurs indépendants), un appel à projets été lancé.
Cet été, l'exposition se déroule en grande partie le long de l'axe reliant la rue de la Cathédrale à d'autres zones urbaines. Sur cet axe, vous trouvez notamment une intervention de Nina Tomàs, une jeune Franco-Luxembourgeoise. Elle présente une peinture qui montre le dos de la toile. En y regardant de plus près, on voit qu'elle est composée de tissus tissés. Les motifs hypnotiques de la matière créent une peinture vibrante qui se répercute longtemps sur la rétine. Un choix de Saryna Nyssen, directrice de la galerie Nosbaum-Reding. Elle a aussi choisi une artiste de la galerie : Aline Bovy, l'un des noms les plus connus de l'ensemble du parcours.
Olivia Hernaiz, choix de Sophie Delhasse, est une artiste active sur la scène artistique internationale. De son triptyque The Tales, qui comprend une sérigraphie, une œuvre sonore et un diorama, elle montre The Cosmonautes, the Cavern and the Angel. Trois astronautes voyagent dans le passé pour changer l’Histoire afin d'éviter une catastrophe. Si la présentation d'Hernaiz est super clean, celle de sa voisine Kristina Sedlerova-Villanen est plutôt trash : son espace est resté intact, à l'exception de quelques interventions minimes, le cadre de fenêtre sale, les mégots de cigarettes, les canettes de bière piétinées et les toiles d'araignées. "Je veux travailler avec l'espace, pas contre l'espace", explique cette dernière.
Maxime Moinet, a, entre autres, choisi l'œuvre d'Antoine Van Impe. Will est une installation multimédia qui évoque un monde étrange et surréaliste avec des éléments de maison, de jardin et de cuisine. Pas une œuvre qui se digère en une fois, mais plutôt qui oblige à une deuxième visite.
L'univers sombre du Deep Show de Gabrielle Lerch, un choix de Pauline Salinas Segura, commissaire liégeoise, continue de résonner longtemps. Son travail est un monde peuplé de figures aquatiques ou d'éléments amorphes, menaçants et sensuels, un rêve métaphysique fascinant.
Marine Candova, qui tient la galerie CDLT + à Liège, a choisi la Gantoise Ines Claus. Ses Chiens perdus avec colliers sont de grands dessins à l'encre et acrylique, gais et frais, peuplés de chiens et d’autres personnages mis en valeur par des ajouts graphiques simples sur les fenêtres en U de l'immeuble au coin de la rue St-Paul.
Bart Spitaels, également originaire de Gand, a intégré son intérêt pour l'histoire socioéconomique d'une ville dans une peinture. Il allie la végétation de la châtaigne, souvent présente en région liégeoise, à l'industrie du charbon.
Dans le magnifique Passage Lemonnier, la plus belle galerie passagère de Liège, Xarli Zurell, jeune peintre franco-basque, sélectionné avec d'autres par l'appel à projets, impressionne avec Rebut-Reboot. Il revitalise des objets trouvés dans des friches par sa peinture. Ses images agrandies et déformées de poupées aux couleurs bonbon évoquent un monde futuriste.
Dragon dragone, la contribution de Sabrina Montiel-Soto, est un ensemble structuré et chaotique de panneaux peints ou non peints avec texte et image de la taille du quotidien La Libre. Pour bien observer la vision de son monde morcelé suggérée ici, le spectateur doit littéralement se tortiller dans tous les sens.
Le succès de l'AAC a déjà provoqué des changements dans le parcours. Il est donc préférable de consulter à l'avance le site web bien documenté pour les mises à jour les plus récentes et d'autres informations utiles.
Art au Centre
Jusqu'au 31 août
Liège
www.artaucentre.be
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