Art on Paper, une édition lumineuse

Muriel de Crayencour
15 septembre 2021

Art on Paper s'est ouvert hier. Une édition plutôt florissante, avec des stands ouverts, lumineux, et beaucoup d'œuvres de qualité. Entre les murs de Bozar, le dessin revient en force, avec des artistes qui se coltinent la matière, le geste, le savoir-faire et le plaisir de faire. S'éloigne de plus en plus les propositions ultra intellectuels des suiveurs de l'art conceptuel souvent aride et froid et se presse au portillon les amateurs de fulgurance, de volubilité et de puissance du trait. 

Dès l'entrée, chez Nadja Vilenne, on retrouve avec plaisir les grands dessins de Raphaël Van Lerberghe et une série de collages. Tatiana Wolska présente chez Irène Laub une belle série au bic et au feutre, structures mouvantes et grouillantes, qui semblent e perpétuel croissance ; ainsi qu'une sculpture en silicone, grand nuage posé sur le sol. Chez Bersek Art Agency, les dessins de Bilal Bahir - mêlant contes populaires irakiens et culture européenne - ont toujours autant de charme. Ils côtoient les dessins à la pointe d'argent de Kristof Van Heeschvelde, qui utilise cette technique ancienne pour croquer des visages, des détails. 

La galerie gantoise Barbé Urbain présente une série conséquente, cohérente et poétique sur le thème des nuages d'Adelheid De Witte, presque entièrement vendue en début d'après midi, en cette journée d'ouverture VIP et presse. Sur le stand de la galerie parisienne Gilles Drouault, arrêt devant les collages de Damir Očko, qui quitte les vidéos pour un travail délicat sur la forme, à partir de planches imprimées rehaussées d'éléments en papier de soie et textiles - toujours sur la thème du langage. Mélanie Berger assemble des papiers et les couvrent d'aquarelle pour en faire des sortes de monolithes denses et presque sculpturaux, chez Archiraar.

Humour et volupté chez Dys, avec les acrylique sur papier du duo Les Sœurs Siamoises et les dessins délicats, étranges et sensuels d'Annabelle Guetatra. Ne manquer pas les grands formats au fusain de Koyuki Kazahaya à la Galerie Zuid (Malines). Et d'autres, toujours au fusain, de Rik De Boe, chez l'anversoise Sofie Van de Velde. De Boe dessine des fenêtres avec vue vers le dehors : un volet, un rideau entrouvert, caque fois comme des promesses de lumière. Chez LMNO, les grands dessins au graphite de  Miguel Sbastida font partie d'une série multiforme, Cartographies of an Expedition, autour d'une collection de roches récoltées au cours de voyages à travers le continent nord-américain. On avait aimé les grands formats sur toile de David Brian Smith chez Baronian Xippas, on aime beaucoup ses petits formats sur leur stand à Bozar : une peinture figurative qui mêle magie et paysages rêvés.

Chez Nosbaum Reding, fraîchment arrivée à Bruxelles, les merveilleux dessins à l'encre de August Clüsserath (Allemagne, 1899-1966). Les oiseaux graphiques, frais et amusants de Jochen Gerner et les pastels de Guillaume Pinard chez la parisienne Anne Barrault. Frédéric Malette, chez à la Galerie Catherine Putman, fait un travail autour du visage, du portrait, au crayon rehuassé de collages.

Eeckman Art Prize

La lauréate de l'Eeckman Art Prize 2021 est Carole Ebtinger, avec sa série Terres rares, de grands formats à la texture délicate, fourmillant de détails botaniques. C'est gracieux, denses, voluptueux. A ne pas manquer.

Ne manquez pas non plus d'aller jeter un oeil à l'exposition d'Anne Daems, qui documente les détails de son petit jardin: fleurs, végétaux, vers du compost mais aussi limaces. Anne Daems a étudié à Sint-Lukas à Bruxelles et à la Rijksacademie d’Amsterdam. En 1999, elle a remporté le prix de la Jeune Peinture belge (l’actuel Belgian Art Prize). Elle vit et travaille à Bruxelles. Jusqu'au 31 octobre.

Art on Paper
Bozar
Jusqu'au 19 septembre
artonpaper.be

 

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.