À quoi ressemblaient les civilisations précolombiennes ? Comment s’habillaient ces peuples ? Comment fabriquaient-ils leurs textiles ? Et quelles étaient les matières ? Vaste sujet, qui n’avait jusqu’alors jamais fait l’objet d’une exposition. C’est désormais chose faite ! Le Musée Art et Histoire présente Inca Dress Code, une exposition dédiée à l’art du textile précolombien, à voir jusque fin mars 2019.
Ce sont un peu plus de 200 objets issus de la collection du Musée Art et Histoire, mais aussi du MAS d’Anvers, du Linden-Museum de Stuttgart, du Musée du Quai Branly à Paris et de quelques collections particulières, qui sont réunis pour cette exposition. Une très belle sélection, qui permet de visualiser l’importance du textile dans les cultures des Andes précolombiennes. En effet, à l’inverse de nos cultures européennes, les Incas considéraient le textile comme un art majeur : s’il servait à se vêtir, il était également valeur de richesse, symbole d’identité et de pouvoir. Il était monnaie courante d’offrir un textile en cadeau lors des échanges diplomatiques, en offrande aux divinités, ou encore comme butin de guerre. Son importance était telle que sa conception et son iconographie ont influencé d’autres champs artistiques, comme la céramique ou l’architecture. Aussi, les textes des premiers conquistadors espagnols révèlent l’importance accordée à la qualité et à la matière des textiles. L’empereur inca revêtait des textiles composés de fibres et d’éléments iconographiques nobles, produit uniquement pour son compte.
Le commissaire d’exposition, Serge Lemaître, a conçu INCA Dress Code en trois chapitres. La première partie de l’exposition s’ouvre sur les rudiments de l’art du tissage et donne des clés de lecture pour apprécier le textile dans son ensemble. On y découvre les deux types de fibres utilisées pour la conception des textiles, à savoir la fibre végétale, le coton, et la fibre animale, en laine de camélidés (lama, alpaga ou encore vigogne, utilisée pour les textiles les plus prestigieux). Un peu plus loin sont présentés les différents colorants utilisés pour les textiles. Ils sont de trois natures : végétaux - les plus utilisés -, minéraux, ou issus de l’animal, le plus répandu étant le rouge, obtenu grâce à la cochenille. La deuxième partie, corps de l’exposition, présente chronologiquement et géographiquement les parures et productions textiles des Andes. A l’entrée trône un manteau issu de la culture Paracas, orné de 53 motifs brodés sur un fond bleu. Bien que les motifs semblent identiques, ils présentent tous des particularités et fonctionnent par paires. Seule une de ces paires est incorrecte, pour ne pas être – volontairement - dans la perfection, qui est réservée aux divinités. On retrouve de la même façon d’autres iconographies construites sur le même principe. Plus loin, sont présentés plusieurs masques funéraires - importants dans la culture Mochica : ils offrent un visage dans la mort. Composés d’or et de cuivre, ces masques sont souvent percés au niveau des oreilles pour accueillir d’imposants bijoux. Les plumes sont, elles aussi, exaltées ! C’est dans la culture Wari que l’on trouve ces imposantes coiffes faites de plumes, considérées comme de véritables parures de luxe. Une pièce plus intimiste offre à voir des gazes, ces coiffes extrêmement fines, faites d’une succession de motifs géométriques. Le dernier volet de l’exposition est quant à lui dédié aux textiles et parures de l’époque coloniale et postcoloniale, et rend compte de la pérennité des traditions précolombiennes. Quel incroyable savoir-faire !
INCA Dress Code
Musée Art & Histoire
Parc du Cinquantenaire, 10
1000 Bruxelles
Jusqu'au 24 mars 2019
Du mardi au vendredi de 9h30 à 17h
et le samedi et dimanche de 10h à 18h
http://www.kmkg-mrah.be
Secrétaire de rédaction - responsable réseaux sociaux
Diplômée en histoire de l’art de l’université Paris-Nanterre et titulaire d’un master complémentaire en diffusion des œuvres d’art contemporain de l’IESA, c’est la benjamine de l’équipe. Arrivée en 2017, elle est aujourd’hui assistante de rédaction. Elle écrit régulièrement sur les expositions qui ont attisé sa curiosité. Avec un petit penchant pour l’art contemporain et les arts émergents.
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