Belges, artistes et fiers de l’être

Muriel de Crayencour
24 janvier 2014

La deuxième édition de Art Gent et B.Art s’ouvre ce week-end à Flanders Expo. Les collectionneurs y retrouveront des galeries belges et internationales ainsi qu’une section réservée aux artistes belgo-belges de 1900 à aujourd’hui.

C’est en 1981 qu’un historien et passionné d’art crée le salon Linea, axé sur le design et la décoration d’intérieur. Dans ce salon, une zone est réservée pour Lineart, qui montre de l’art moderne et contemporain. Au fil des 30 éditions de la manifestation, la décoration a disparu, Lineart a acquis ses lettres de noblesse, devenant le rendez-vous des amateurs d’art belges et internationaux. Depuis 2012, sous l’appellation Art Gent, le salon, revu, repensé et réorganisé, développe quatre axes dont une initiative noir-jaune-rouge : B.Art.

Place aux Belges

C’est fort du constat que les artistes belges ont peu d’occasion de montrer leur travail que Gerda Vander Kerken a créé ce salon. Celle-ci a travaillé pendant 20 ans comme commissaire d’exposition pour Mercator Assurances, qui avait une grande activité de mécénat. Huit expositions étaient organisées chaque année. Rachetée par Baloise assurances, la société est devenue l’un des principaux sponsors d’Art Basel.

Entre-temps, Gerda Vander Kerken loue la maison De Beir à Knokke, une demeure moderniste construite en 1924 par l’architecte Huib Hoste.
 Au départ louée pour un été, la maison devient "Het zwart huis", lieu d’expositions remarquées et draine un public de « touristes culturels », comme le dira le bourgmestre de Knokke, Leopold Lippens. Dans ce lieu de prestige, Gerda Vander Kerken organise 4 expositions pas an et cela pendant 6 années, montrant Jan Fabre, Ronny Delrue, l’illustrateur à la ligne claire Ever Meulen, Carl De Keyzer, Jan De Vliegher…

 Aujourd’hui la galerie a migré vers la digue et expose principalement de dessin et de la peinture.

« Les visiteurs pensaient entrer dans un musée tant l’espace était beau. Il y avait 15 chambres et chacune était réservée à un artiste. », raconte la commissaire. « La maison était meublée de pièces design de Mies van de Rohe, Noguchi, Eileen Grey, Eames, ou Bertoia. »

Une foire

Forte de son réseau d’artistes belges, Gerda Vander Kerken réféchit à créer une foire qui leur serait réservée. Dès 2012, son projet est accueilli dans la structure d’Art Gent. Art Gent attire les nombreux collectionneurs du nord du pays ainsi que des Français et des Hollandais.

« Art Brussels est magnifique, mais c’est une foire plus tournée vers l’international, tant au niveau des galeries que des artistes exposés ou des visiteurs. Nous sommes concentrés sur les artistes belges, On a tant d’artistes en Belgique. Nous sommes un peuple d’artistes. », poursuit la commissaire.

Pour se différencier du reste de la foire, B.Art a un look tout blanc : murs, tapis. Les stands sont distribués le long d’un large couloir et ont tous la même taille, 25M2 et le même éclairage. On y montre un artiste par espace. Les artistes sont proposés par les galeries, mais peuvent aussi être soutenus pas un mécène.

Le comité de sélection est assez strict. Il est composé de Christophe Ruys, project manager de Art Gent, ancien directeur de musée de la photo d’Anvers et du musée de la mode, Jan De Geest, directeur de la société organisatrice de la foire, IJV-Ifas, Sofie Vandenbussche, qui s’occupe surtout de la prospection et Gerda elle-même.

« Je reconnais que nous avons plus d’artistes flamands que francophones. Mais c’est notre deuxième année. Nous n’avons pas encore fait beaucoup de prospection en Wallonie. Je suis contente car le salon reste petit mais de très bonne qualité. Nous avons cette année deux mécènes pour soutenir deux artistes sans galerie :la Loterie Nationale et la société coutraisienne Kroko. 25.000 visiteurs sont attendus sur l’ensemble d’Art Gent. », raconte Gerda Vander Kerken.

« Nous venons de créer un prix B.art qui récompense un artiste qui a une carrière extraordinaire. Donc, il ne s’agit pas de quelqu’un qui a une reconnaissance internationale mais plutôt de quelqu’un dont le parcours créatif est remarquable. Cette première  année, le prix revient Vera Vermeersch, qui crée des tapis à partir de dessins d’autres artistes. Seront montrés  plus de 25 grands formats qu’elle a tuftés à la main. Elle reçoit une statuette prénommée Bart, créée par le sculpteur Luk Van Soom. », explique la commissaire. Vera Vermeersch a travaillé 5 ans comme chef de projet à l’atelier de restauration de la Maison de Lalaing de la ville d’Audenarde pour restaurer les tapisseries historiques d’Audenarde. En 1989, avec son mari Werner Gilson, elle a donc ouvert, à côté de son atelier de restauration, un atelier de tapis tuftés à la main où elle reproduit des créations d’artistes.

Petit tour d’horizon

Dans la sélection d’artistes, on note Jan De Vliegher, qu’on a pu voir avec un accrochage spectaculaire à la galerie Roberto Polo, le peintre et plasticien Koen Broucke, la peinture narrative de Hans Vandekerckhove, les maquettes de maison à la manière de Hopper de Jonas Van Steenkiste, les photos ré-interprétations de peintures classiques de Bart Ramaekers, les somptueuses photos retouchées de rouge de Trees De Mits… des trésors rien que pour vos yeux.

 

 Flanders Expo
Gand
www.artgent.be
www.bartfair.be
Paru en novembre 2013 dans L'Echo

 

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.

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