Dans les deux espaces de la Galerie Martine Ehmer s'épanouissent les œuvres des artistes qui ont participé en 2019 et 2021 aux Biennales d'Art contemporain de Mountados, sur l'île de Tinos, en Grèce.
Il s'agit des troisième et quatrième éditions de cette biennale créée en 2015 par Mireille Lienard, artiste et commissaire d'exposition, et Philippe Fraisse, architecte, sur la troisième plus grande île des Cyclades, Tinos, connue pour ses carrières de marbre, le talent de ses sculpteurs, ses traditions artistiques et son culte de la Vierge. Chacun des 10 artistes par biennale est invité à créer une œuvre qui sera présentée dans une boîte métallique vitrée installée dans un lieu remarquable du village de Mountados.
Cet événement bénéficie d'un écho à Bruxelles au moment d'une exposition sur le même thème et avec les mêmes artistes, à la Galerie Martine Ehmer.
La biennale de 2019 avait pour thème Crossings. Au croisement des chemins, nous retrouvons entre autres Silvia Bauer en vitrine d'un des deux espaces de la galerie. L'artiste, qui travaille habituellement le carton et le pneu, s'est emparée d'un autre résidu de notre société de consommation : des pièces de plastique issues de la production de cachets. Les voici en bleu, blanc et jaune, en pyramide fragile, évoquant étonnamment une île jaune sous le ciel bleu des Cyclades.
Robby Comblain a lui aussi fait partie de l'édition 2019, avec une boîte remplie de papiers sérigraphiés puis chiffonnés, installés comme des strates. Et il présente ici un grand format de ses sérigraphies en noir et blanc, majestueuses et mystérieuses. Armelle Blary a installé au fond de la galerie un fauteuil en tapisserie et perfusé, Pénélope II – Ithaque Un fauteuil, une attente, un siège où se poser et lire les contes, légendes et mythes qui nourrissent la création de l'artiste.
En 2021, la Grecque Katerina Diakomi présente un dessin délicat au crayon rouge, entrelacs de fils formant une sphère presque dansante. Son travail résonne avec justesse et élégance avec le grand drap de soie finement défait pour ne laisser que la trame - dessinant comme une faille, une blessure, de Laure Foret. Voisine, l'œuvre de l'Argentine Elisabeth Aro présente un entrelacs de velours rouge posé sur un ciel rouge carmin.
Théo Haggaï a peint une grande fresque en blanc et bleu sur un mur du village. Mais aussi sur un des murs de la galerie. Il présente aujourd'hui des pierres peintes de motifs presque chamaniques. On y voit des silhouettes volant ou nageant, un motif de vagues faisant le tour de la pièce, comme une frise. Et voici les dessins de Bilal Bahir, toujours sur pages de livres anciens, et qui enquêtent tant du côté de notre monde contemporain que du côté des contes irakiens.
Deux mains comme plongées dans l'eau d'un bassin se joignant pour montrer un point, comme une boussole. C'est une peinture de Didier Mahieu, artiste belge né en 1961. Toujours dans le registre des perspectives (réelles ou symboliques), notons le travail de Marco Pellizzola (Italie, 1953). Il extrait l'île de Tinos d'une carte et la place sur un ciel étoilé : Nouvelles perspectives de l'art. Mountados parmi les étoiles. Le Grec Nikos Podias a produit une série d'aquarelles de l'île vue d'en haut, à partir d'images trouvées sur Google Earth.
Au fond de la galerie, des arbres en bronze dont chaque ramure contient une tête d'homme aux yeux noirs. "Le mélange d'humains, d'animaux et de plantes a nourri l'expression colorée des mythes depuis l'origine des civilisations", explique Jean-Claude Saudoyer. Voici aussi les cartons découpés et pliés de Natalia de Mello, formant des paravents, et traçant, par leur mise en volume et les motifs qui les ornent, toutes sortes d'angles de vue. Elle présente ici l'œuvre exposée à Tinos et une boîte musicale qui s'allume quand vous l'approchez. D'autres artistes, encore, à découvrir jusqu'au 27 mars.
Perspectives
Suite de la Biennale de Mountados 2019, 2021
Galerie Martine Ehmer
183 et 200 rue Haute
1000 Bruxelles
Jusqu'au 27 mars
Du jeudi au dimanche de 11h à 18h
galeriemartineehmer.com
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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