Brafa 2019, c'est parti !

Muriel de Crayencour
23 janvier 2019

La BRAFA 2019 ouvre ses portes ce samedi 26 janvier après trois jours de vernissage VIP virevoltants. Ce premier important rendez-vous culturel bruxellois de l'année draine à la fois des collectionneurs internationaux, des passionnés et des curieux. La foire s'attache à contenter tout le monde, tant par la qualité de ses exposants - 133 galeries internationales - que par les nombreuses activités dans le cadre de la foire, dont des talks, des visites guidées pour le grand public. Faisons-y un tour.

Portée depuis 27 ans par directrice, Beatrix Bourdon, la Brafa a déployé ses ailes et est devenue un rendez-vous international incontournable.  "Notre arrivée sur le site de Tour & taxis il y a quinze ans a donné un véritable coup de fouet à cette entreprise. Aujourd'hui 65 % des galeries exposantes viennent de l'étranger," explique-t-elle. La BRAFA est aujourd'hui la plus belle foire d'art bruxelloise, tant par la qualité de ses exposants, que le raffinement des prestations et de l'organisation au cordeau. On apprécie aussi son aspect éclectique ou cabinet de curiosités, qui rend la visite passionnante tant pour les collectionneurs de tous bords que pour les simples amateurs.

Seize nouvelles galeries font leur apparition lors de cette 64ème édition. Plusieurs anglaises mais aussi la galerie bruxelloises Martin Doustar, spécialisée en art ancien et tribal et Gallery Sofie Van de Velde pour l'art moderne et contemporain. « C’est toujours une grande fierté de pouvoir dévoiler notre liste de participants, déclare Harold t’Kint de Roodenbeke, Président de la BRAFA, car celle-ci est révélatrice de la santé et de l’attractivité de notre manifestation. Avec seize nouveaux noms, nous demeurons dans la moyenne des éditions antérieures et c’est de mon point de vue, un pourcentage idéal. Cela signifie que nous sommes en mesure d’apporter de la nouveauté sans toutefois remettre en cause les équilibres internes entre les diverses spécialités, sans bousculer tout l’ensemble. Je pense qu’il est important que nous puissions offrir à nos visiteurs une forme de continuité, avec des galeries fidèles à l’événement depuis de très longues années et que nos visiteurs aiment à retrouver, tout en offrant une touche de nouveauté. Car grâce à cela, notre événement conserve sa force et témoigne de son ouverture

Gilbert & George sont les invités d'honneur de cette 64ème édition de la foire bruxelloise. Nous les avions rencontrés avec grand intérêt en novembre 2017 chez Albert Baronian. Deux messieurs très dignes aujourd'hui sous leurs habits si classiques, qui ont pourtant toujours portés un regard d'une grande lucidité et actuel sur le monde : accélération, religion, politique, business, monotonie, loisirs, célébration, violence, argent, histoire, pauvreté, âge, sexe, travail, espoir, nouveauté, maladie, désir, intoxication, beauté, abandon, amour, désespoir ; le monde radicalisé ; le monde virtuel, rien ne leur échappe. Gilbert & George ont entamé leur collaboration artistique en 1967, lorsqu’ils se sont rencontrés à la St Martins School of Art. Dès le début, ils se sont mis en scène dans leurs œuvres, qu’il s’agisse de films ou de living sculptures. Ces artistes estiment que tout offre potentiellement matière à leur art, qui traite constamment des tabous, des questions sociales et des conventions artistiques. Leur art repose implicitement sur l’idée que le sacrifice de l’artiste et l’investissement personnel constituent des conditions nécessaires à l’art. La toile de fond de la majorité de leurs œuvres est le quartier East End de Londres, où ils vivent, créent et puisent leur inspiration depuis plus de 50 ans. « Notre sujet, c’est le monde. C'est la douleur. La douleur. Le simple fait d’entendre la manière dont la terre tourne est une douleur, n'est-ce pas ? Chaque jour et chaque seconde. Notre inspiration provient de tous ces gens qui vivent aujourd'hui sur la planète, dans le désert, la jungle, les villes. Nous nous intéressons à l’être humain, à la complexité de la vie. »  

2019 marquera également le centenaire de la Chambre Royale des Antiquaires et Négociants en Œuvres d’Art de Belgique, aujourd'hui appelée ROCAD. L'occasion pour celle-ci de présenter une exposition sur 100 m2 d'une quarantaine d’œuvres phares, allant de tableaux anciens et modernes, des arts décoratifs, arts premiers, porcelaine, argenterie, antiquités, archéologie et mobilier. Ces pièces ont toutes été cédées par les membres de ROCAD à des collectionneurs ou à des musées, et ne représentent qu’une petite partie des transactions qui se sont faites au fil des années par les marchands de la Chambre, et ne seront pas à vendre. On y verre entre-autres deux œuvres de René Magritte, une rarissime statue Djenné du Mali en terre cuite, un portrait par Henri Evenepoel. En raison de leur liens historiques étroits, quel autre lieu que la Brafa aurait-il été plus adéquat pour accueillir une exposition de prestige qui rassemblera des œuvres issues de collections privées qui toutes, ont été négociées par les membres de la Chambre ? Cette exposition s’accompagnera de la publication d’un livre, Hundred Years of Dealing with Art, qui abordera le métier de marchand d’art sous différents thématiques, émaillé de mille anecdotes collectées et mises en forme par notre collègue journaliste Thijs Demeulemeester, et d’une conférence le dimanche 27 janvier, dans le cadre du cycle Brafa Art Talks.

Comme chaque année la Fondation Roi Baudouin avec un stand toujours élégamment scénographié. Cette année, elle y présente ses récentes acquisitions. L’une des pièces marquantes est une rapière (une épée fine à la pointe affûtée) que Charles Ier d’Angleterre offrit en 1630 à Pierre Paul Rubens en remerciement pour services rendus. Le peintre n’a certes pas été inactif en tant que diplomate et est entre autres intervenu comme médiateur dans le conflit entre l’Espagne et l’Angleterre durant la Guerre de Trente Ans, ce qui lui a aussi valu d’être adoubé par Charles Ier. Pendant des générations entières, cette rapière a été conservée, avec son fourreau et les documents attenants, par les descendants de Rubens. L’an dernier, grâce à l’intervention du Comte Joseph van der Stegen de Schrieck, les enfants du Comte Jean-Marie van der Stegen de Schrieck ont confié ces pièces à la Fondation Roi Baudouin afin de rendre cette arme d’apparat accessible à tous. Désormais restaurée, cette épée, qui a une valeur non seulement historique mais aussi artistique, peut aujourd’hui être présentée. L’épée est classée dans le cadre de la Politique de protection du Patrimoine de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À l’issue de la BRAFA, elle sera confiée en prêt de longue durée au Grand Curtius à Liège, qui contient la plus vaste collection d’armes d’apparat du pays.

Vous avez neuf jours pour vous rincer l'œil et faire votre sélection.

 

BRAFA
Tour & Taxis
86 c avenue du Port
1000 Bruxelles
Du 26 janvier au 3 février
De 11h à 19h
www.brafa.art

 

 

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.