Dimanche s'ouvre la Brafa 2020

Muriel de Crayencour
25 janvier 2020

Comme chaque année, au creux du mois de janvier, se niche la Brafa, la doyenne des foires d'art et d'antiquités. 133 galeries belges et internationales sont réunies sur le site de Tour & Taxis du dimanche 26 janvier au dimanche 2 février, pour cette 65e édition, et ouvre l'année culturelle des foires d'art à Bruxelles.

La Brafa est un moment important dans l'année pour les collectionneurs de tous bords, qui se réjouissent de l'éclectisme de l'offre des marchands présents et de la grande qualité des objets proposés. Il est d'ailleurs demandé aux galeries participantes de présenter la plus haute qualité dans leurs spécialités respectives. Pour veiller à cette exigence, la foire s’appuie sur un vetting (procédure d’admission des objets) strict effectué par une centaine d’experts indépendants chargés d’examiner, deux journées durant, chaque œuvre selon leur sphère de compétence. Un laboratoire d’analyses scientifiques est également à leur service pour des examens plus approfondis en cas de besoin. Et parallèlement, un screening est effectué sur chaque stand par l’Art Loss Register afin de s’assurer qu’aucune œuvre présentée ne fasse l’objet d’un signalement dans ses registres compilant les œuvres d’art dérobées dans les musées et collections publiques et privées.

C'est aussi une foire qui s'ouvre avec sincérité à un public pas forcément acheteur, mais plutôt curieux. Pour cela, chaque année une belle série de talks est organisée, ainsi que des visites guidées régulières. Vous pourrez assister à une conversation avec Robert Wilson, dramaturge, artiste et collectionneur américain, ou une conférence sur van Eyck par Till-Holger Borchert, directeur des Musées de Bruges et cocommissaire de l’exposition Van Eyck, une révolution optique, qui s'ouvre le 1er février au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSKGent.be), ou encore une conversation entre Darren Pih, commissaire à la Tate Liverpool, et Alberta Sessa, curatorial project coordinator à Bozar, tous deux commissaires de la rétrospective de Keith Haring à Bozar (jusqu'au 19 avril), entre autres.

Une foire toujours plus internationale

A son origine, en 1956, réunion pionnière de marchands belges, la Brafa s’est muée au fil du temps en une foire de dimension internationale, une mutation accélérée lors de ces 12 dernières années, depuis son aménagement dans les vastes entrepôts industriels du site de Tour & Taxis, dont elle fut aussi le premier événement à y établir ses quartiers. La proportion actuelle s’établit à 50 marchands nationaux (37 %) pour 83 d’origine étrangère (63 %). Parmi ces derniers, on peut aussi distinguer des tendances avec la France en tête (43 exposants), puis la Grande-Bretagne (13) ou la Suisse (8). En 2020, deux pays voient leur représentation renforcée : l’Italie, passant de 6 à 10 exposants, et les Pays-Bas, passant de 2 à 6. Cette réalité reflète l’impact et l’attractivité croissante de la Brafa, dans un contexte global où les échanges internationaux s’accentuent chaque année.

Huit galeries participeront pour la première fois à la Brafa : Antiquarium Ltd (New York - archéologie), Paolo Antonacci (Rome - tableaux européens XVIIIe & XIXe s.), W. Apolloni (Rome - mobilier, peintures et objets d’art XVIIe - XIXe s.), Callisto Fine Arts (Londres - sculptures et objets d’art européens anciens), C L E A R I N G (New York/Bruxelles - art contemporain), Nardi (Venise - joaillerie), Rueb Modern and Contemporary Art (Amsterdam - art moderne et contemporain) et Dalton Somaré (Milan - art africain et hindo-bouddhiste ancien).

A l'honneur cette année

Pas d'invité d'honneur pour cette édition, mais bien cinq objets étonnants, cinq segments originaux du Mur de Berlin qui seront mis en vente au profit d'œuvres caritatives. Ils sont placés à l’extérieur, dans l’entrée principale, et aucun visiteur ne pourra les manquer. Symboliquement, S. E. Martin Kotthaus, ambassadeur d’Allemagne auprès de la Belgique, ouvrira les enchères lors du dîner de gala inaugural et celles-ci se clôtureront le dernier dimanche de la foire. Il sera possible de suivre l’évolution des enchères en direct à la foire mais aussi via le website de la foire. Le prix de départ a été fixé à 15.000 € pour chacun des segments et l’intégralité des sommes récoltées ira directement à cinq bénéficiaires dans le domaine de la recherche contre le cancer : l’opération Télévie portée par RTL-TVI et l’asbl Kom op tegen Kanker ; dans le domaine de l’intégration des personnes handicapées : l’asbl Hart voor Handicap et l’opération CAP48 de la RTBF, et enfin dans le domaine de la préservation du patrimoine artistique : le Musée Art & Histoire (Cinquantenaire) pour deux projets spécifiques.  

"Lors d’un voyage en Nouvelle-Ecosse au Canada pendant l’été 2018, je suis tombé par hasard sur un segment du Mur de Berlin dans un petit village de pêcheurs. Cette découverte était tellement improbable que cela m’a très fort interpellé, notamment pour le symbole que le Mur de Berlin représente et le message qu’il porte, même dans des endroits parmi les plus reculés du monde. Revenu en Belgique, j’ai immédiatement entamé des recherches sur le sujet, et je me suis aussi rendu à Berlin, où j’ai eu l’opportunité d’acquérir des segments originaux entiers parmi les derniers encore disponibles. L’idée d’organiser une vente caritative s’est imposée naturellement", explique Harold t’Kint de Roodenbeke, président de la Brafa.

BRAFA - Brussels Art Fair
Tour & Taxis
88 avenue du Port
1000 Bruxelles
Jusqu'au 2 février
www.brafa.art

 

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.