Huit artistes du bronze chez Hopstreet Gallery

Dounia Dolbec
19 novembre 2021

Jusqu'au 18 décembre, la Hopstreet Gallery présente Cast in eternity qui réunit huit artistes travaillant le bronze, sous le commissariat de Yolande De Bontridder : Sara Bjarland, Thorsten Brinkmann, Michel François, l'Atelier Lachaert Dhanis, Nicolás Lamas, Lucie Lanzini, Mostafa Saifi Rahmouni et Tinus Vermeersch. Durant la même période, Last part de Johan de Wilde est exposé dans la Hopstreet Window.

En entrant dans la galerie côté rue Saint-Georges, on tombe d’abord sur Lifti, le sac à main à pattes de chien de l’artiste allemand Thorsten Brinkmann. Cette déformation d’un objet du quotidien à la fois drôle, absurde et teintée de cynisme donne une idée de ce que le visiteur va découvrir dans les trois espaces de la galerie : un mélange de poésie, d’humour, de formes, qui fait voyager les imaginaires.

Une matière domine dans l’exposition : le bronze, objet de fascination depuis des siècles, à la fois solide, inaltérable et délicat. Ces propriétés du bronze sont particulièrement visibles dans Le Noeud de l’artiste française Lucie Lanzini, œuvre murale représentant un nœud aux reflets ocre qui illustre à la fois la force et la virtuosité de la matière.

Le bronze est exploité différemment par chacun des artistes pour incarner et détourner des objets familiers. Ainsi, l’Atelier Lachaert Dhanis présente un tabouret en bronze patiné constitué de différents morceaux de meuble et met en lumière le caractère esthétique et sensible de ce qui paraît à premier abord simplement usuel ou utilitaire. De la même manière, Thorsten Brinkmann dénature l’objet de la lampe en créant un abat-jour en bronze renversé, dont la fonction devient dès lors impossible à remplir.

On décèle ainsi à travers la dérision et l’absurde, une critique des rapports entretenus avec les objets qui nous entourent et qui sont réduits à être utiles et utilisés. Cette vision s’exprime explicitement dans l’œuvre de Michel François intitulée Promesses du capitalisme, qu'on avait pu voir chez Hufkens il y a quelques années. L’artiste symbolise ces promesses à travers des cacahuètes en bronze éparpillées sur le sol, tombant d’un sac en papier. Il a fait voyager ce sac de l'Afrique à l'Europe dans un container rempli de sacs de vraies cacahuètes... La matière organique est également présente dans les morceaux de pain ou Pieces of bread de Mostafa Saifi Rahmouni, disposés au sol dans le coin d’une pièce, et dont les multiples interprétations possibles font voyager l’imagination du spectateur.

Les œuvres de Tinus Vermeersch et Nicolás Lamas exposées côte à côte expriment la puissance de ce matériau dans des sculptures compactes et évocatrices. Sara Bjarland propose pour sa part, avec Elongation 1 et Elongation 3, des pièces tout en finesse et en délicatesse, témoignant de l’élégance du bronze et de la liberté qu’il offre aux artistes qui le manient.

Grâce à une scénographie sobre et une occupation intelligente de l’espace, le dialogue entre les artistes exposés permet un voyage dans différents univers complémentaires, entre le fantastique, le politique et le poétique.

En sortant de Rivoli, on peut admirer dans la Hopstreet Window le dessin de Johan de Wilde, Last part, extrait d’une série sur les villes côtières, qui constitue une carte mentale subjective par la finesse, la fragilité et la détermination du trait.

 

Cast in Eternity
Hopstreet Gallery
109 rue Saint-Georges
1050 Bruxelles
Jusqu'au 18 décembre

Du jeudi au samedi de 13h à 18h
 
www.hopstreet.be

Dounia Dolbec

Journaliste