La galerie Waldburger Wouters présente l’exposition Charme Brut, un titre qui fait écho à l’art brut de Jean Dubuffet. Elle met à l’honneur trois artistes, Matthias Dornfeld, Dirk Zoete et Elen Braga. A voir jusqu'au 16 octobre.
Tous les trois ont une manière singulière de produire un travail artistique brut. Mathias Dornfeld présente des toiles dont le dessin est très élémentaire. Pour l’artiste, le sujet n’est qu’un prétexte pour peindre. Les dessins et les sculptures de Dirk Zoete sont inspirés du constructivisme russe et témoignent d’un côté rudimentaire. Elen Braga est une artiste protéiforme, connue notamment pour ses performances dans lesquelles elle met son corps à rude épreuve, jusqu’à l’épuisement. En ce sens, elle montre son côté naturel et brut.
Matthias Dornfeld est un artiste allemand qui a terminé ses études artistiques à seulement quarante ans. Son travail est en quelque sorte déconditionné du monde de l’art et détaché de toute influence artistique. L’artiste se concentre essentiellement sur l’acte de peindre qui compte plus à ses yeux que le tableau fini. La manière élémentaire dont il dessine évoque la naïveté d’un enfant et témoigne d’une certaine innocence. Certaines toiles donnent l’impression d’être à peine esquissées et c’est ce qui en fait tout leur charme.
Dirk Zoete est un artiste belge néerlandophone. Ses dessins et des sculptures ressemblent à de grandes marionnettes de théâtre. Son travail, inspiré du constructivisme russe, ce mouvement qui voulait annihiler la frontière entre l’art et la vie, est accessible et ludique. Le visiteur peut faire le tour de ses figures réalisées avec des matériaux de récupération. Ces sculptures dégagent un côté brut et leurs visages rappellent ceux que l’on retrouve dans les toiles de Dornfeld.
Issue d’un milieu évangélique brésilien, Elen Braga tente de retranscrire l’univers mystique/mythique dans lequel elle a vécu. La galerie présente essentiellement ses tapisseries sur lesquelles figurent des mythologies qu’elle réinvente afin d’interroger leur survivance dans les croyances et les comportements contemporains. Une des tapisseries est inspirée du mythe du tombeau du géant qui relate la légende d’un héros gaulois, un géant qui refuse d’être fait prisonnier par les Romains et préfère se jeter du haut du rocher des Gattes plutôt que de mourir dans l’arène du Colisée. Son corps retrouvé par les habitants du Botassart est enterré au sommet d’une colline, aujourd’hui sur le site historique de la ville belge de Bouillon. Dans cette tapisserie, elle se représente à la place du géant sur le site du tombeau, comme si elle voulait s’approprier cette légende pour écrire sa propre épopée.
Waldburger Wouters présente une exposition cohérente, même si les liens artistiques entre le travail des deux premiers artistes et celui d’Elen Braga sont, à mon sens, un peu ténus. Le travail et les inspirations d’Elen Braga semblent tout de même différer et prendre une autre direction. Mon coup de cœur va à Elen Braga, dont les œuvres sont d’une richesse rare et témoignent d’une quantité de travail phénoménale. Nous avions déjà eu l’occasion de découvrir une de ses créations, en mars 2020, au Cinquantenaire, où elle avait présenté une immense tapisserie suspendue devant l’arcade centrale de l’Arc de triomphe, pour la Journée internationale des droits des femmes. L’œuvre gigantesque la représentait en athlète, debout sur un piédestal, et portant un poids lourd de symbolique. Son engagement féministe et son combat pour une plus grande visibilité des femmes dans l’espace public sont remarquables.
Charme Brut
Waldburger Wouters
49 boulevard d’Anvers
1000 Bruxelles
Jusqu’au 16 octobre
Seulement sur rendez-vous
https://www.waldburgerwouters.com/appointments
Journaliste
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