Baronian expose deux artistes de la couleur aux moyens et aux objectifs très différents. C'est à voir jusqu'au 19 mars.
Des monochromes. Oui, mais ce n'est pas aussi simple et immédiat qu'il n'y paraît. Les coulures perceptibles au bas de la toile témoignent d'une liquidité figée, l'immobilisation d'une couleur en mouvement. Né en 1943, Joseph Marioni appartient à la génération de l'abstractionnisme abstrait américain. Pendant plus de 40 ans, l'artiste est resté fidèle à son approche picturale monochrome développée au sein du mouvement Radical painting dans les années 1980. Marioni se définit comme un peintre de glacis, qu'il obtient avec de la couleur qu'il laisse couler, applique au rouleau, au couteau ou même à la main. Avec la rigueur et la précision d'un maître ancien, il superpose sur la toile les couches de peinture acrylique, tantôt couvrantes, tantôt translucides. Peintre de la lumière abstraite, il se sent proche de Vermeer qui, comme lui, construit un environnement de lumière au moyen de couleurs. C'est dans la simplicité, la précision des moyens et le raffinement du résultat qu'il trouve tout son mystère. Il y a chez Marioni de la profondeur dans la matière. C'est évidemment un espace sans fond dans lequel se perdre et se retrouver. Paradoxalement, on peut aussi y voir un miroir, car dans un premier temps, l'opacité de la matière arrête le regard qui glisse sur la surface tantôt satinée, tantôt plus granuleuse de la toile, rendant la couleur encore plus présente.
Le deuxième espace de la galerie a été confié à l'artiste bruxelloise Leen Voet. Elle nous propose une exposition-concept autour d'une chanson de Bourvil, Je fais ce que je veux, qui décrit le bonheur suranné d'une famille aux rôles et aux genres bien normés.
Lors d'une émission télévisée, le chanteur-comédien a interprété la chanson devant un décor reprenant des portes factices, symboles d'un passage vers un ailleurs indéfini, esquissant quelques pas de danse autour de la présentatrice assise sur une chaise, raide comme une potiche. L'artiste décline ces éléments, des portes et leurs motifs géométriques, un couple (l'homme dansant et la femme assise) dans des couleurs vives et joyeuses qui ne sont pas sans rappeler l'univers du cirque et d'Arlequin pour une déconstruction ironique et dynamique de l'espace et des stéréotypes de genre.
Joseph Marioni
Liquid Light
Leen Voet
Je fais ce que je veux
Baronian
2 rue Isidore Verheyden
1050 Bruxelles
Jusqu’au 19 mars
Du mardi au samedi de 11h à 18h
www.baronian.eu
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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