Avec un art de l'économie, un sens de la couleur et beaucoup d'élégance, Christina Zimpel présente à la Galerie Schönfeld une série de portraits de femmes réalisés en résidence à Bruxelles. Jusqu'au 29 avril.
On ne saura pas comment elles s’appellent. Certaines sont rêveuses, pensives, de face ou de profil, assises un peu penchées sur un tabouret, fumant la cigarette ou exhalant un nuage de buée. Certaines préfèrent montrer leur nuque et disparaître sous un nuage de cheveux. En tout cas, elles aiment la couleur, les femmes que peint Christina Zimpel. Avant de se consacrer entièrement à la peinture, l’artiste a été directrice artistique de Vogue Australie. Et il lui en reste quelque chose. « Cette galerie de portraits est comme un casting que je fais défiler dans ma tête. Ce sont des portraits imaginaires, des sentiments, des sensations qui habitent ces femmes quand personne ne les regarde. »
Dans ces portraits, Christina Zimpel va à l'essentiel, en se débarrassant de tout ce qui n'est pas nécessaire. On peut retrouver dans ses images des échos de Toulouse-Lautrec, Gauguin, ou René Gruau, passé au shaker coloré du pop art. Quand elle démarre un dessin ou une peinture, elle ne sait pas qui elle va dessiner. C’est un processus très organique qu'elle commence toujours par les yeux et le nez. « C’est comme mon écriture. C’est la manière dont ils arrivent sur la toile qui décide du caractère du personnage. » Beaucoup de ces portraits ont de grands yeux ouverts qui semblent nous fixer pour nous attirer dans leur monde intérieur. « J'ai aussi peint de nombreux portraits aux yeux fermés, mais je les trouve trop passifs, ou tristes, et je n'ai pas envie de ça pour le moment. J'aime l'idée qu'ils confrontent le spectateur. »
Pour réaliser la série d'œuvres qu'elle présente à la Galerie Schönfeld, Christina Zimpel a passé deux mois en résidence à Bruxelles. Comme à New York, où elle vit, elle a aimé sortir observer des visages et les attitudes de femmes qu'elle croise en rue. « J'aime la manière dont elles s'apprêtent quand elles sortent. J'aime les individualités et plus particulièrement certaines femmes dans la quarantaine ou la cinquantaine qui mettent un soin particulier à s'habiller et à se maquiller. »
Un des portraits en noir et blanc avec lesquels elle a commencé s'appelle Jeanne. C'est un hommage à Jeanne Dielman 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles, le film de Chantal Akerman auquel Christina voue une admiration sans bornes. « J'adorerais faire une exposition avec la même peinture qui se répète avec de très légers changements. »
Avant de se consacrer entièrement à la peinture, Christina Zimpel était directrice artistique chez Vogue Australie. Elle en a gardé le sens de l'image. « Dans un magazine de mode, on ne peut pas se permettre de gâcher une page, il faut qu'à chaque fois, elle soit forte. » Des pages de magazine, comme de son adolescence baignée par le glam rock, elle a gardé le sens des couleurs et des combinaisons inattendues.
Les toiles accrochées dans la dernière salle sont ses dernières. Elle a essayé des choses qu’elle n’avait jamais faites. « J’ai été voir les peintures anciennes au musée et j’ai voulu jouer sur la transparence des vêtements, un léger coton, des cols en dentelle. Au début de cette résidence, j’ai commencé avec les dessins, puis je suis passée à la peinture et à la couleur en me sentant de plus en plus libre. Tout ça m’a donné confiance et je sens que je peux aller encore plus loin. »
The I's Inside
Christina Zimpel
Schönfeld Gallery
Rivoli Building #21,22 et 32
chaussée de Waterloo, 690
1060 Bruxelles
Jusqu'au 29 avril
Du jeudi au samedi de 13h à 18h
www.schonfeldgallery.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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