Christopher Coppers, la tentation du vide

Gilles Bechet
08 juin 2023

Christopher Coppers revient à l'essentiel dans une nouvelle série monochrome et dépouillée où le papier est traversé d'ondes apaisées. À voir à la Galerie Deletaille jusqu'au 24 juin.


Christopher Coppers est un homme de papier. Depuis plus de 25 ans, il en a fait quasiment le seul support de son travail artistique. Un papier qu'il dessine et qu'il sculpte, qu'il creuse du bout de la lame de son cutter. Fils d'un photographe de mode, il a grandi entouré d'images sur papier glacé. Certains se souviennent de ces magazines dont il ciselait, pliait et déchiquetait les pages pour créer de nouvelles formes qui interrogent notre rapport au média et à un matériau à la vie éphémère.

Avec sa nouvelle série de monochromes qu'il expose à la Galerie Deletaille, il aborde un nouveau chapitre dans son œuvre. L'image imprimée, les couleurs et tout ce qu'elles représentent ont disparu comme absorbées par le trop-plein qui déborde de tous les écrans dont nous sommes entourés. Pour ne laisser qu'un bloc de feuilles de papier blanc superposées, creusées et découpées dans leur épaisseur immaculée. « La période Covid a provoqué chez moi une remise en question, j'ai été dégoûté des médias magazines, de tous ces mots et images imprimées. J'ai eu envie de revenir à l'essentiel avec des formes qui ne soient pas agressives mais organiques et apaisées. »


Les quatre éléments

Au départ, il y a eu une première série autour d'une forme toute simple qui évoque une cellule primordiale, comme si on pouvait tout recommencer, réparer les erreurs. On peut aussi y voir des collines sur une maquette de paysage ou des ondes à la surface de l'eau. Puis, à mesure qu'il se familiarise avec son nouveau matériau, le motif se fait plus complexe. Très ouvert, il peut évoquer une chevelure, les rides sur le sable du désert ou les dentelles dans la pierre, voire des flammèches. Les quatre éléments sont au rendez-vous.

En choisissant de travailler le papier blanc, Christopher Coppers laisse à la lumière le rôle d'arbitre. C'est elle qui dessine les profondeurs ourlées d'ombre des lignes sinueuses suivies par la lame de son cutter. « Une fois que je m'y mets, je ne sais pas où je vais. Je suis la ligne là où elle me mène. C'est un travail minutieux, proche de la méditation qui se révèle dans la durée. »

 

Christopher Coppers
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Deletaille Gallery
32 rue aux Laines
1000 Bruxelles
Jusqu'au 24 juin
Du mercredi au samedi de 11h à 18h
www.deletaille.gallery

 

Gilles Bechet

Rédacteur en chef

Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT