La galerie Chez Olivia ouvre les portes du rêve, avec les porcelaines de Catherine Geoffray et les peintures et dessins de Marie-Fleur Lefebvre. Jusqu'au 8 juillet.
Catherine Geoffray est perméable à ses rêves. Qui peuplent ses jours et ses nuits. Depuis une dizaine d'années, elle les consigne par écrit et s'en inspire pour des dessins, peintures et sculptures. Ce sont ces dernières qu'elle expose Chez Olivia. Rien d'illustratif dans tout ça. Les porcelaines, disséminées sur le sol et les murs de la galerie, ont quelque chose d'organique, comme le reliquat d'une prolifération soudaine ou comme des spécimens d'un cabinet de curiosités. Leurs formes où se superposent écailles, tentacules, veinules ou alvéoles peuvent, par leur blancheur crayeuse, évoquer des squelettes ou carapaces d'organismes marins, mais il n'y a rien de conscient là-dedans, ce sont les formes qui naissent de ses mains de l'artiste ou de ses outils d'estampage les plus divers.
Venue de la peinture, elle a trouvé dans la sculpture un terreau fertile pour son imaginaire. Énigmatique, l'artiste laisse au spectateur le soin d'interpréter son travail, mais concède que ce sont des formes plutôt vivantes ou qui ont vécu. Elle s'est attachée à la porcelaine pour sa texture diaphane semblable à celle de la peau. Avec rigueur et méthode, elle consigne dans des ouvrages auto-édités ses rêves, qu'elle accompagne de dessins et de photos de ses sculptures. Pendant ce temps, dans son atelier parisien, les porcelaines s'accumulent. « J'en ai plus de 600. Un amie qui y avait passé quelques nuits me disait qu'à son réveil, elle avait eu l'impression qu'ils avaient bougé pendant la nuit. » Vous avez dit vivant ?
Avec les peintures et dessins de Marie-Fleur Lefèbvre, on ne quitte pas l'inconscient. « C'est du dessin automatique. Je puise en moi et vais vers l'inconnu. Puis quelque chose apparaît progressivement. » Les traits blancs posés au fin pinceau sur une toile de lin non blanchie évoquent une broderie de dentelle, mais aussi des failles ou encore des cicatrices. « Avec mon pinceau, j'ai parfois l'impression de pratiquer une incision entre les fils de la toile. »
Une partie des œuvres exposées ont été réalisées lors de sa résidence à la fondation SAFFCA à La Cambre. Les formes qu'elle laisse venir sous son pinceau évoquent de manière troublante les installations qu'elle avait exposées au HISK en 2022, où l'on voyait des fils et filets, proliférant comme des toiles d'araignée entre des structures métalliques. Habituée ces dernière années à pratiquer des sculptures et installations expansives, elle est revenue au dessin et à la peinture pendant la période de confinement consécutive à l'épidémie de Covid. « Je crois que c'est ce qui m'a gardée en vie et après je n'ai plus pu m'en passer. »
Comme un songe
Catherine Geoffray
Marie-Fleur Lefèbvre
Chez Olivia
73 chaussée d'Alsemberg
1060 Bruxelles
jusqu'au 8 juillet 23
Du jeudi au samedi de 14h à 18h
chezolivia.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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