Le collagiste David Crunelle expose ses vertigineuses compositions à la Zedes Art Gallery. Plongez-y jusqu'au 21 décembre.
Dès que l’on s’approche des compositions de David Crunelle, on est pris d’un sentiment de vertige. La multitude de détails inextricablement imbriqués nous apparaissent soudain comme si on entrait dans une autre dimension en passant du macro au micro. Ou comme si du passé émergeait une image numérique créée avec des ciseaux et du papier plutôt qu’avec un ordinateur. L’artiste se revendique collagiste, adepte d'une pratique minutieuse un peu obscure qu’on rangerait plutôt du côté des arts ornementaux. Ça tombe bien. Intarsia, le mot qui donne son titre à l’exposition, évoque une technique de broderie italienne de la Renaissance tout comme un procédé de marqueterie raffinée où l’assemblage de pièces de bois finement travaillées dessine des motifs géométriques qui se répètent pour donner forme et volumes.
L’art de David Crunelle est semblable à une mosaïque de papier. En découpant finement au cutter des vieilles photos, cartes postales ou publicités d’anciens magazines, il crée des éléments qu’il assemble ensuite en fonction de leur densité ou de leur couleur. Certains éléments sont presque abstraits, d’autres, plus grands, sont aisément reconnaissables. Des visages et des corps découpés dans des cartes postales de pays exotiques, des organes du corps humain extraits de planches anatomiques ou des gratte-ciel Art déco ciblés de fenêtres régulières. Certaines compositions sont plus figuratives, ici l’homme qui se vide de son énergie vitale à force de se reposer sur la technologie, là un arbre de mains ou encore un hommage à Jérôme Bosch.
Ailleurs, Crunelle opte pour des figures géométriques, semblables à la vision dans un kaléidoscope ou aux motifs des anciens quilts américains. Le jeu entre le détail et la composition générale crée un pont émotif particulier parfois ancré dans l’histoire personnelle de l’artiste comme la fois où, sur une brocante, il tombe sur un lot de correspondance de voyage entre deux parents éloignés. Dans une autre composition, ce sont 300 de ses propres photos d’enfance qu’il découpe pour créer des motifs de fleurs et rinceaux. Certaines œuvres sont rehaussées de touches de couleur ou de motifs qui renvoient aux arts populaires desquels se revendique l’artiste qui, par ses visions fragmentées, tisse des liens entre le passé et le futur, l’artisanat et la technologie.
David Crunelle
Intarsia
Galerie Zedes
36 rue Paul Lauters
1050 Bruxelles
Jusqu’au 21 décembre
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h, samedi de 14h à 18h
www.zedes-art-gallery.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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