Diane von Fürstenberg, une robe et bien plus

Charline Cauchie
10 mai 2023

À Bruxelles, le musée Mode & Dentelle célèbre la créatrice Diane von Fürstenberg. Sa robe portefeuille comme ses engagements sociétaux sont mis en lumière dans cette première exposition européenne. Une réussite.

Diane von Fürstenberg est trop méconnue en Europe. Pourtant, en cinquante ans de carrière dans la mode, elle a su réinventer l’un des vêtements au cœur de la garde-robe des femmes : la robe. Celle qu’elle dessine principalement s’appellera la robe portefeuille. En anglais : la wrap dress, qu’elle impose dans les États-Unis des années 1970. Association d’un haut cache-cœur et d’une jupe sous le genou, “la petite robe” cintrée est faite de deux pans de tissus se refermant l’un sur l’autre à l’aide d’une petite ceinture, elle aussi en tissu. Avec ce vêtement, celle que l’on surnomme par ses initiales DVF réintroduit une forme de simplicité et d’élégance au milieu des crazy looks du New York de l’époque. Et, bientôt, du statut de tendance, sa robe portefeuille deviendra archétypale, synonyme des libertés acquises par les femmes des classes moyenne et supérieure des seventies.


Powerful woman

C’est tout cela que nous raconte le Musée Mode & Dentelle dans une exposition intitulée Woman Before Fashion et créée sur mesure par le commissaire Nicolas Lor, sur une idée originale qu’il a lui-même formulée à DVF. Celle-ci s’est d’abord dite surprise de l’intérêt du jeune homme pour son travail. Ce à quoi il a répondu qu’à ses yeux, la créatrice qui a grandi à Bruxelles est plus “pertinente que jamais”.

Voilà comment est né ce beau projet d’exposition qui, comme son sujet, est relativement hors norme. Car cela paraît un peu fou que cette robe iconique soit née de la volonté d’une jeune femme à peine trentenaire à l’époque, à peine formée aux techniques et moyens de la mode et, qui plus est, divorcée et mère de jeunes enfants. Mais DVF n’est pas du genre à s’étaler sur ses difficultés. L’exposition n’en dit pas un mot, retraçant plutôt le fil d’une carrière époustouflante qui a mené DVF à habiller les plus grandes de ce monde, des personnalités aussi différentes que Michelle Obama, la reine Mathilde, Gwen Stefani ou Paris Hilton. Une carrière qui a aussi amené DVF à devenir elle-même une des plus grandes : elle a été classée en 2016 par le magazine Forbes parmi les 100 femmes les plus puissantes au monde.


Diane, la Bruxelloise

Née Diane Halfin, ancienne du Lycée Dachsbeck, elle suit à partir de ses 13 ans une scolarité en pension en Suisse et en Angleterre. Elle épousera un prince rencontré lors de ses études, même si ça ne durera pas longtemps. Elle part ensuite vivre à New York, avec pour bagage un diplôme d’économie et un stage mené dans l’atelier d’Angelo Ferretti. Aux États-Unis, il ne lui faudra que quelques années pour s’imposer comme une créatrice incontournable. Elle a trente ans quand elle fait la couverture du Wall Street Journal. Nous sommes en 1976 et elle vient de vendre plus d’un million de robes à travers le pays, ouvre une boutique dans les beaux quartiers de Manhattan et reçoit le soutien du puissant magazine Vogue.

Dans l’exposition de la rue de la Violette, à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, on se balade parmi les fameuses robes portefeuilles, leurs tissus colorés (les motifs serpent et léopard étaient ses premières marques de fabrique) et les matières jersey. Elles se veulent pratiques et élégantes, répondant à trois objectifs : confiance en soi, confort et séduction. La version 2023 de la robe iconique est au-dessus du genou, plutôt qu’en dessous dans les années 1970. Sinon, le cap est resté le même. Celui d’une femme dont on sent la personnalité lumineuse. Diane von Fürstenberg est en prise avec le réel, à l’inverse de certaines personnalités de son milieu. Il paraît qu’elle se rend régulièrement dans ses boutiques échanger avec les clientes. Un peu comme elle l’a fait aussi avec les élèves de Dachsbeck à l’occasion de sa venue en Belgique pour l’ouverture de l'exposition. DVF, nous montre Woman Before Fashion, c’est enfin le soutien apporté à Hillary Clinton, de nombreuses causes féministes et autres démarches philanthropiques. Et cet engagement-là, comme dirait Nicolas Lor, est plus pertinent que jamais.

 

Diane von Fürstenberg.
Woman Before Fashion
Musée Mode & Dentelle
12 rue de la Violette
1000 Bruxelles
Jusqu'au 07 janvier 24
Du mardi au dimanche de 10h à 17h
www.fashionandlacemuseum.brussels

Charline Cauchie

Journaliste

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