Envies d’Egypte

Eric Valenne
08 février 2023

L'Egypte est partout ! Le Musée royal de Mariemont a décidé de rendre hommage à cette égyptomanie et à ses symboles dans une expo très originale qui a invité tous les arts... 

L'Egypte antique se trouve dans les objets, la décoration, la tapisserie, la chanson, la musique, l’opéra (Aïda), l’ésotérisme, l’architecture, l’alchimie, la BD, les romans historiques, le cinéma des péplums à la science-fiction en passant par l’humour, la littérature, la mode, la presse people et ses stars, la joaillerie, les jouets, les jeux vidéo... Bref, quasiment tous les arts, du premier au neuvième.


L'égyptomanie, don du Nil

Depuis deux mille ans déjà, l’Egypte semble entretenir une éternelle passion dans notre imaginaire. À l’époque romaine, Isis a commencé à voyager depuis Alexandrie, entraînant avec elle Osiris, Anubis qui étaient (déjà ou encore) vénérés. Idem du temps des Gallo-Romains et des Germains. Ensuite, l’Histoire s’est mesurée à elle, depuis Napoléon déjà pris de vertige devant les siècles qui le contemplaient du haut des pyramides jusqu’à nos jours avec encore des découvertes sur fond intemporel des pharaons et de leurs innombrables dynasties mêlées de fastes et d’hiéroglyphes, de chambres secrètes et de trésors cachés, de momies encore découvertes. Bref, l’Egypte est toujours à la source d’une insatiable créativité… Elle nous fascine, elle nous passionne. Avec ses trois mille ans d’histoire et puis les deux mille ans qui nous séparent de l’Antiquité romaine qui l’admirait déjà.

Il n’en fallait pas plus pour que le Musée royal de Mariemont (dont l’Egypte est l’un des fleurons depuis sa création !) la célèbre d’une manière… pas du tout conventionnelle. Pour cette expo temporaire, le visiteur n’admirera pas d’antiquités, ou très peu. Ni ne se plongera dans le labyrinthe des dates compliquées à souhait avec ces dynasties de pharaons qui se sont égrenées comme un sablier durant plus de trois mille ans avant la conquête romaine.

Seules des œuvres créées durant presque toutes les époques nous racontent à leur manière l’aventure générée par cet intemporel et inspirant monde des pharaons... Une Egypte revisitée globalement. Ici sont présentées des œuvres à travers lesquelles les artistes ou artisans se sont inspirés de cette Egypte ancienne pour nous livrer leur version imaginée de cette fascinante civilisation.


Les stars absolues…

Avec Toutankhamon, Cléopâtre et Néfertiti, l’Egypte a ses superstars. Elles incarnent la beauté, la noblesse, l’élégance, le rêve, l’exotisme, le voyage, l’opulence, la richesse des rois et des dieux. Autour d’elles, les rôles secondaires avec toutes les divinités du Nil : Anubis, Isis, Osiris, le Sphinx… Le parcours de l’exposition se présente comme un kaléidoscope qui mêle l’antiquité égyptienne à notre société décidément très créatrice. Avec toutes sortes d’allers et retours et de formes imagées où il est agréable de se perdre un peu en passant par Jean-François Champollion, décrypteur des hiéroglyphes, et Raoul Warocqué (éminent égyptologue et fondateur du musée de Mariemont!).

L’exposition emmêle volontairement les références et les œuvres qui construisent cette autre Egypte. Voici une vraie statuette d’Isis en bronze située entre les premier et troisième siècles, extirpée des collections. Cette Isis qui hantait déjà le panthéon des Gallo-Romains. À côté, voici Anubis revisité par Ian Kirkpatrick en 2012. Plus loin dans l’espace et le temps se projette une vidéo de Stargate. Plus proche, quoique… voici Rihanna en Néfertiti, puis Néfertiti en Duckfertiti et son bec de canard, ici un Toutankhamon porteur de lunettes de soleil, plus loin la magnifique robe portée par la somptueuse Monica Bellucci dans Mission Cléopâtre, né de la bd d’Astérix...

Un jeu de société plus loin et voilà une réclame de poudre à lessiver, des pyramides de toutes les tailles, un buste à tête de chien échappé d’une bande dessinée. Dans la vitrine, un joli bijou en forme de scarabée a comme rival une bague en opale signée Lydia Courteille, un livre ancien avec de magnifiques dessins de pyramides parmi d’autres livres rares et mémoires de géographes et d’aventuriers, quelques photos noir et blanc, des images en relief, encore des robes et des colliers des années folles. Des cartes postales et des photos souvenirs en écho à un péplum qui passe sur un écran où resplendit Liz Taylor en Cléopâtre. Sans oublier le rôle des momies, pour un peu se faire peur.


Le déhanché des danseuses

Et bien entendu l’incroyable discographie inspirée par les rois et pharaons, et le décor de pyramides, temples et autre vallée des Rois dont les notes risquent de hanter votre journée avec le profil et le déhanché des danseuses de Walk like an Egyptian... signé par les Bangles. Bref, à chacun son Egypte

En marge de l’exposition s’ajoute un focus sur les cercueils égyptiens, ces objets particulièrement emblématiques de l’Egypte. L’histoire de ces objets est relatée grâce à deux cercueils égyptiens (Soignies et Musée de Louvain-la-Neuve). Une expo qui explique les peintures égyptiennes et reconstitue dans une vidéo l’embaumement d’un corps. Les vies multiples des cercueils questionnent également notre vision de la mort avec des pièces plus contemporaines.

 

Egypte. Eternelle passion
Musée royal de Mariemont
100 chaussée de Mariemont
7140 Morlanwelz
Jusqu’au 16 avril
Du mardi au dimanche de 10h à 17h (jusqu'à 18h en avril)
musee-mariemont.be 

Eric Valenne

Journaliste

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