À la Schönfeld Gallery, l’exposition Dinner is served est une invitation à s’attabler. Habilement dressées, les tables sont celles de la peintre et dessinatrice belge Eliza Pepermans. La succession de ses natures mortes, peintures à l’huile, diffuse un souffle chaleureux et réconfortant, faisant presque oublier le froid qui s’est installé. À visiter jusqu’au 18 décembre.
"On dirait le Sud", pourrait-on fredonner face au subtil mélange d’ingrédients figuratifs et esthétiques qu’a concocté l’artiste. Les tournesols, les homards, les agrumes reviennent dans ses œuvres, tels des leitmotivs, et nous confient que le soleil, la mer, les jardins fleuris ne se situent guère loin des scènes observées. En parallèle, Eliza Pepermans a développé un langage chromatique, récurrent lui aussi, associant principalement les jaunes, les verts et les bleus, tantôt pastel, tantôt saturés. Des teintes qui participent bien sûr à l’atmosphère recherchée, qu’avait trouvée Van Gogh lors de son séjour à Arles, dans le sud de la France. Le peintre y avait entamé une série de tournesols, devenus des symboles picturaux qu’Eliza Pepermans réinterprète de manière singulière. Dans ses scénographies, qu’elle campe par d'irrégulières touches de peinture, les fleurs et autres éléments revêtent un aspect schématique, accentué par des contours noirs. Ces traits nets soulignent efficacement les formes, à la manière de la ligne claire bien connue en bande dessinée, et apportent une certaine candeur à un genre artistique que l’on pourrait penser désuet.
Autrement dit, la nature morte est loin d’être morte. La série de l’artiste dévoile d'une part son intemporalité, avec des clins d’œil assumés aux œuvres antérieures – dont on citera aussi le crâne –, et propose d'autre part des recettes originales et étonnantes. Fondées sur des principes curieux de perspective et de mise en scène, il arrive qu’elles donnent lieu à une coexistence de plusieurs points de vue en une seule et même peinture. Dans Dinner is served, par exemple, quelques objets posés sur la table laissent entendre que nous y sommes assis, tandis que les deux homards contredisent cette hypothèse, se laissant admirer au travers d’une vue en plongée.
Il en résulte un effet de déséquilibre, commun à bon nombre d’œuvres exposées. Il suffit que la table prenne la forme d’une courbe, comme dans Blue striped Tablecloth and skull, pour qu’affleure cette note déstabilisante et surréaliste. Dans cette peinture, comme dans d’autres, un objet qui ressemble à un livre prend une dimension proche de la démesure et souligne lui aussi que, dans l’univers savoureux d’Eliza Pepermans, l’ordinaire et l’étrange s'entremêlent.
Eliza Pepermans
Dinner is served
Schönfeld Gallery
Rivoli #21
690 chaussée de Waterloo
1180 Bruxelles
Jusqu’au 18 décembre
Du jeudi au samedi de 14h à 18h
https://www.schonfeldgallery.com
Journaliste
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