Au Salon d'art, Esteban Moulin présente une série d'œuvres fluides et légères inspirées par sa pratique du vol acrobatique. Jusqu'au 29 avril.
Qu'est-ce qu'une trace, sinon la mémoire d'un déplacement, d'un mouvement... Qu'est-ce que la calligraphie, sinon la mémoire d'une méditation intérieure et des mouvements de la main...
Esteban Moulin est pilote et pratique le vol acrobatique, qu'il juge également lors de compétitions internationales. Il peint des calligraphies de ses vols imaginaires. Dans sa peinture, il y a des vides et des pleins. Pour lui, l'espace non peint est le plein, le monde visible, et l'espace peint devient le vide et l'invisible.
Sur le papier ou sur la toile, la trace de son pinceau dessine, sans quitter son support, comme des bandes sans fin, comme du tissu entortillé par le vent ou peut-être des fleurs qui flottent en suspension dans le vide. À travers sa calligraphie, il rend visible la trace d'un avion de voltige invisible aux yeux humains. Les traces diaphanes qui se superposent jouent de transparences pour créer un calme vertige. Aucune de ses œuvres ne porte un titre, le regard est libre. Comme lorsque l'on admire l'infini du ciel. Il peut tracer sa voltige picturale sur une grande variété de supports qu'il choisit en fonction de son plan de vol. Il privilégie le papier pour son côté pénétrant, le verre pour sa translucidité et la toile pour le grain qui affleure.
Au centre de ses compositions qu'il expose au Salon d'Art, il laisse souvent poindre le vide, qui est donc le plein. Au centre de sa calligraphie céleste, on peut parfois voir la trace d'une ligne d'horizon ou même de la lumière diffuse d'un soleil qui se lève dans une sorte d'effet théâtral cosmique et intime.
Une de ses dernières peintures se déploie sur un fond noir comme un enchevêtrement sensuel de gaz aspirés en eux-mêmes aux confins de l'infini.
À chaque programme de vol acrobatique correspond un enchaînement de figures qui peuvent se traduire par une suite de symboles graphiques précis et codifiés. C'est ce qui lui a donné, il y a une dizaine d'années, l'envie de se lancer dans ce parcours calligraphique. Quand il saisit sa brosse pour amorcer sa trace sur le papier ou sur la toile, il sait où il va commencer et où il va terminer. Il n'improvise pas. Il nous emmène en vol avec lui.
Esteban Moulin
Plans de vol
Le Salon d'art
81 rue de l'Hôtel des Monnaies
1060 Bruxelles
Jusqu'au 29 avril
du mardi au vendredi de 14 à 18h30
le samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 17h
www.lesalondart.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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