Echappée belle : la photographie déconfinée

Mylène Mistre-Schaal
02 juillet 2020

EXI(S)T est un parcours urbain, une échappatoire visuelle (dé)confinée à l’échelle de Bruxelles. Le temps d'un été, 50 photographes belges ont investi le paysage de nos rues en subvertissant mille panneaux d’affichage publicitaire pour y placer leurs œuvres. Une réponse inédite, esthétique et poétique à la crise sanitaire du coronavirus et à son impact sur le monde de la culture.


Une galerie à ciel ouvert

Bruxelles est prise d'assaut. Ici, c'est un aquarium en noir et blanc dans lequel se dessine l’ombre de quelques poissons, là une petite fille pieds nus, cachée derrière la transparence d'un rideau, plus loin un paysage un peu flou qui s'épanouit sur la façade écaillée d'un night shop de quartier. En tout, ce sont 100 photographies qui se déploient dans les rues de la capitale, déguisée pour l'occasion en galerie à ciel ouvert.

A l'initiative de la Fabrique des regards et en partenariat avec le réseau d’affichage artepub, 50 grands noms de la photographie contemporaine belge ont colonisé les panneaux publicitaires culturels de la ville, vidés temporairement de leurs événements. En lieu et place des traditionnelles réclames, ce sont des tirages photo qui s’affichent, comme autant de petites fenêtres ouvertes sur un ailleurs. Un ailleurs fait de rêve, d’évasion, de moments suspendus et d’étreintes. Ce kaléidoscope d’images forme un parcours que l’on peut cueillir au hasard de la flânerie ou suivre en intégralité, grâce à une carte interactive disponible en ligne sur le site d’EXI(S)T.   


50 grands noms de la photographie belge

D’une rue à l’autre, on pourra croiser les portraits sensibles de Christine Lefebvre, les noirs et blancs granuleux de Jean-François Flamey, la poésie des paysages dilués de Peter De Bruyne ou la beauté rugueuse des instantanés de Sébastien Van Malleghem. On se baigne dans le ciel avec David Uzochukwu avant de s’étreindre à corps perdus derrière l’objectif de Julie Calbert ou de Marie Sordat.

Sous la houlette de Lise Bruyneel de la Fabrique des regards, cette expérience artistique alternative rassemble photographes, imprimeurs et annonceurs dans un élan commun. EXI(S)T, comme une sortie de secours post-confinement, est aussi un « cri du cœur » des photographes qui rappellent que leur subsistance et donc leur existence dépendent aussi de nous.


The future is ours

En noir et blanc ou en couleur, ces mille affiches photographiques entreprennent un véritable corps-à-corps avec les murs de la ville. Les vitrines éclairées au néon, les fissures, les graffitis ou les crépis délavés par le temps leur donnent un relief et une intensité inédits. En plus de proposer une nouvelle géographie artistique, ces instantanés réinjectent une belle dose d’émotion dans un espace public trop longtemps délaissé. Leurs titres également, Homesick, Ici demain, Beyond time, ou Les temps/ Bleu écrivent un poème à l'échelle de la ville qui, d’un quartier à l’autre, nous parle d'aujourd'hui et surtout de demain. Pour reprendre la légende d’une des œuvres de Max Pinckers, exposée rue du Grand Hospice : « The only way to predict the future is to create it. »

EXI(S)T
Jusqu'à la fin de l'été
Dans les rues des 19 communes de la Région Bruxelles-Capitale

https://www.exi-s-t.be/

Mylène Mistre-Schaal

Journaliste

Historienne de l’art avec un goût prononcé pour l’art contemporain, Mylène Mistre-Schaal est collaboratrice régulière pour le magazine culturel Novo. Elle écrit également pour le city-magazine français ZUT et pour la revue Hermès. Co-autrice du livre L’Emprise des Sens aux éditions Hazan, elle s’intéresse tout particulièrement aux rapports sans cesse renouvelés entre l’art et les cinq sens. 

 

Articles de la même catégorie