Fabrice Samyn se connait lui-même

Aurore t’Kint
29 septembre 2016

Fabrice Samyn a choisi comme titre de sa cinquième exposition personnelle, Solipsism, une posture philosophique d’après laquelle il n’y aurait pour le sujet pensant d’autre réalité acquise avec certitude que lui-même. « La seule chose que je sais réelle avec certitude, c’est moi », disent les œuvres de l’artiste belge, un des talentueux poulains de l’écurie Meessen De Clercq.

Né en 1981, Fabrice Samyn propose des œuvres dont la forme demande toujours à être traversée, dépassée. Ici, il place le visiteur dans une situation paradoxale où il n’établit plus de distinction entre ce qui perçoit et ce qui est perçu, entre ce qui protège et ce qui endommage, entre ce qui donne forme et ce qui est absent. La seule certitude devient le moi : solipsisme. Sa série Le crépuscule des idoles est un travail autour d’un des quatre éléments fondamentaux : le feu. Tel Yves Klein dans ses Fire Color Painting, Alberto Burry et ses toiles perforées ou encore Otto Piene, Cai Guo-Quian et Anselm Kiefer qui firent du feu un instrument de beauté et de renaissance, Samyn utilise le feu rédempteur.

 

Burning is shining est une réflexion autour du pouvoir des icônes depuis un millénaire. Tandis que les vierges calcinées de Black is Virgin réfèrent au culte de la fertilité, le feu qui purifie et rend les terres à nouveau cultivables. La série Psyché, ensemble des manifestations conscientes et inconscientes en psychologie, mais aussi l’âme, le souffle en grec ancien, ou encore la psyché, grand miroir mobile : toutes ces significations évoluent autour du temps qui passe, de la subjectivité, du moi (solipsisme). Un gisant en verre argenté, spectaculaire, donne corps à toutes ces notions. Death is an image rappelle Blanche Neige, le conte des Frères Grimm : la mort n’est qu’un passage, elle n’existe pas…

 

Autres émanations physiques du temps, The Color of time montre les douze heures du jour à travers autant de globes en verre colorés de l’aurore au crépuscule. Evocation céleste, cette œuvre questionne dans un dégradé subtil la plénitude du vide et la vacuité du plein sous l’œil solaire d’une aquarelle lui faisant face. Dernière étape à ce voyage à la fois sensuel et sacré, une performance de l’artiste qui sculpta le visage d’une femme en le touchant à travers un rideau, sans le voir. Cette sculpture à l’aveugle est celle du visage d’une femme non voyante… Regard intérieur partagé, au-delà du miroir, derrière le rideau des apparences. A voir jusqu'au 15 octobre.

 

Fabrice Samyn
Solipsism

Galerie Meessen De Clercq
2A rue de l’Abbaye

1000 Bruxelles
Jusqu’au 15 octobre
Du mardi au samedi de 11h à 18h

www.meesendeclercq.com

Aurore t’Kint