La Galerie Martin Kudlek présente Focus on Franz Burkhardt, une exposition de dessins récents de l’artiste. Né à Wolfenbüttel en Allemagne, Franz Burkhardt est sculpteur et dessinateur. Il travaille aujourd’hui dans une ancienne ferme de la province wallonne de Liège.
À travers un accrochage intimiste, c’est le travail d’un dessinateur virtuose que l’on rencontre à la Galerie Martin Kudlek. Les cadres en bois, le papier à l’aspect vieilli et les teintes douces des dessins de l’artiste distillent d’emblée cette nostalgie propre aux images du passé, dont la facture comporte la douce saveur du souvenir. Un bocal de carottes petit pois, une femme se brossant les cheveux, des nus légèrement vintage et un poulet emballé sous cellophane forment, entre autres, cette collection étrangement mélancolique. Si Franz Burkhardt saisit si finement cette patine que donne le temps aux choses et à leurs représentations, c’est qu’il aime à utiliser comme source d’inspiration d’anciennes images trouvées dans les marchés aux puces et librairies d’occasion. Un dessin tiré d’un vieux livre de vulgarisation scientifique, les illustrations d’anciens magazines, des cartes postales, vieilles photographies et affiches, constituent son matériel de travail.
Lorsque le visiteur s’approche un peu plus du dessin d’un ciel nuageux, il peut déchiffrer la question rhétorique posée, non sans humour, par Franz Burkhardt : "Le yoga, une appropriation culturelle inadmissible ?". Presque chaque dessin est ainsi accompagné d’une citation dont le sens, en décalage évident avec l’image, est comme un contrepoint à la virtuosité technique du dessin, déjouant ainsi toute forme de préciosité. L’artiste s’intéresse aux gribouillis sur les murs, aux phrases laconiques, sarcasmes et autres aphorismes, autant qu’aux blagues ringardes dont il est un collectionneur. Franz Burkhardt emploie ces citations pour contraster la délicatesse de ses dessins. Sous l’indécence d’un poulet emballé sous cellophane, il sous-titre malicieusement : "Plaisirs coupables"... L'humour va parfois plus vite à l’essentiel que la philosophie.
La perspective adoptée par l'artiste vient ainsi fissurer notre grille de lecture. Ces citations écrites sous les dessins de Franz Burkhardt nous font instantanément douter de ce que nous voyons, ou croyons voir sous la surface lisse des images. Dans un monde où chaque chose est à sa place, référencée, étiquetée, enregistrée, et où les savoirs sont employés à des fins de certitude, l’artiste introduit le doute, comme une respiration qui vient déchirer la cellophane trop lisse sous laquelle tout s’étouffe.
Franz Burkhardt
Focus on Franz Burkhardt
Galerie Martin Kudlek
333 avenue Van Volxem
1190 Bruxelles
Jusqu’au 25 mars
Du jeudi au samedi de 13h à 19h
www.kudlek.com/
Journaliste
Diplômée de l’ERG en Arts Visuels, photographe mais pas seulement, Oriane Thomasson s’intéresse à l’art dans tous ses états, avec une prédilection pour les arts non-européen, le dessin, et la peinture. Passionnée de littérature, l’histoire naturelle et les voyages sont pour elle à la fois une source d’inspiration, et de fascination. Après avoir obtenu l’agrégation en arts plastique, écrire pour Mu in the city sur les expositions qu’elle voit lui permet de partager un regard sur l’art, et son enthousiasme pour les artistes.
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