Les forêts de Didier Goupy

Dans le cadre du PhotoBrussels Festival 06, la galerie Mhaata présente Promontoires du silence, une exposition du photographe Didier Goupy. Dix-sept photographies appartenant au premier chapitre Les Fondations du travail personnel de l’artiste sur l’espace, intitulé Mythologies, y sont réunies.

Les photographies, pour la plupart de format carré, laissent le spectateur un temps hésitant sur leur nature : est-ce de la peinture ? Est-ce de la photographie ? Le travail de Didier Goupy se joue de cette ambivalence. Volontairement, l’artiste nous égare et estompe subtilement les frontières entre ces deux médiums. S’il s’agit bien de photographies, le scintillement d’or et d’émeraude des feuilles évoque le pointillisme, et la composition tend à transfigurer le sujet au profit de l’abstraction. Des bruns cuivrés de l’automne aux verts acides du premier printemps, la palette de couleurs qui est déployée au fil de chaque saison est celle d’un peintre.

À travers l’œil du photographe, la forêt, lieu mythologique, recouvre toute sa puissance évocatrice. A mi-chemin entre la représentation et l’abstraction, le regard du spectateur peut se glisser dans les méandres de l’interprétation. À ceux qui acceptent de s’y perdre, les forêts de Didier Goupy délivrent le mystère et la magie des temps ancestraux, ainsi que le souvenir de leurs histoires. Ce n’est pas un hasard si les arbres constituent le thème fondateur de son travail. Né en lisière de forêt, c’est là que le photographe revient, en plein confinement. En créant le vide nécessaire à la circulation, il s’immerge en forêt comme pour y retrouver son souffle. C’est ainsi en se focalisant sur l’essentiel, qu’il parvient à trouver un centre, un point d’équilibre. Retenant sa respiration, il réalise alors une photographie, une seule, puis repart à la recherche de cette intuition qui donne à ses prises de vue toute la force de la nécessité. De la forêt de Retz à celle de Fontainebleau en passant par Valence, le photographe nous emmène en promenade au cœur des paysages de son intériorité. Vécue et rêvée, la forêt est le vaste territoire mental parcouru par Didier Goupy. Elle pose Les Fondations de ses Mythologies.

Un livre, Promontoires du silence, accompagné d’un texte de Marie-Françoise Le Saux et préfacé par Charlotte Rampling, est à paraître.

Didier Goupy
Promontoires du silence 
Galerie Mhaata
37-39 rue des Capucins
1000 Bruxelles
Jusqu'au 20 mars 
Vendredi de 14h à 18h, samedi et dimanche de 11h à 18h
http://mhaata.com