Durant les dix dernières années de sa vie, Germaine Richier a travaillé la couleur sous différentes formes, de façon tout à fait novatrice. C’est cet aspect encore connu du travail de la sculptrice que présente La Galerie de la Béraudière dans son exposition Germaine Richier et la couleur.
Germaine Richier a connu de son vivant un succès fulgurant. Celle qui fut surnommée L’Ouragane par ses amis est aussi la première femme à être exposée au Musée d’Art moderne de Paris. Si elle a reçu une formation classique, l’ensemble de son œuvre construite essentiellement autour du corps humain et de son hybridation témoigne d’une grande modernité. Elève de l’atelier de Bourdelle, qui fut lui-même celui de Rodin, Germaine Richier a su par la suite mettre en place une pratique qui lui est propre. La nature y tient une place particulière, puisque la sculptrice n’hésite pas à utiliser des morceaux de bois, branches, écorces et feuillages, qui font partie de la structure de ses œuvres. Ces matériaux organiques agissent comme des implants venant bourgeonner, prolonger, marquer, transformer, la fondation même des sculptures, produisant ainsi d’étranges formes, parfois contre nature. Les hybridations de Germaine Richier naissent ainsi du mélange des différents règnes, animal, végétal et humain.
C’est par La Mante, grande bestiole de bronze légèrement inquiétante, qu’est accueillie le visiteur de la Galerie de la Béraudière, avant de pénétrer dans la vaste salle principale de cette magnifique maison construite par l’architecte Joseph Caluwaers. Pour cette exposition, le designer belge Charles Kaisin a mis en place une scénographie plongeant le visiteur dans l’ambiance d’un atelier de sculpture, grâce à une installation conçue à partir d’un échafaudage recouvert de plâtre, dont la blancheur souligne les couleurs douces de la sculpture Le Couple peint. Sur cette œuvre délicate, la couleur est apportée par la peinture à huile, mais ce n’est pas la seule manière qu’a eue Germaine Richier d’introduire la couleur dans ses sculptures. L’artiste s’est engagée dans cette voie par différentes techniques, guidée par le plaisir que lui donnait sa pratique ; par l’émail, qui capture le regard avec L’Araignée II, mais aussi l’emploi de morceaux de verres colorés, qui semblent avoir été faits prisonniers du plomb dans lequel ils sont incrustés, et marquent un point d’intensité presque spirituelle par la lumière colorée qui en émane. Pour la sculpture La Ville, la couleur est cette fois amenée par une autre artiste, Maria Helena Viera da Silva, qui a peint l’équerre agissant tel un fond à la longue silhouette de bronze de Germaine Richier.
L’exposition Germaine Richier et la couleur à la Galerie de la Béraudière offre l’opportunité unique de se frotter à des œuvres dont la complexe beauté est encore peu connue. Des gravures de Germaine Richier, ainsi que des photographies de ses œuvres réalisées par Brassaï y sont à découvrir.
Germaine Richier et la couleur
Galerie de la Béraudière
6 rue Jacques Jordaens
1000 Bruxelles
Jusqu’au 30 avril
Du mardi au vendredi de 10h à 18h, samedi de 14h à 18h
www.delaberaudiere.com
Journaliste
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