Le galeriste Rodolphe Janssen a motivé la jeune garde œuvrant dans sa galerie à organiser une exposition entièrement commissionnée par ses membres, misant sur leur enthousiasme et leur regard neuf mais néanmoins affuté. Après avoir visité une cinquantaine de studios d’artistes en Belgique, l’équipe a sélectionné neuf artistes dits émergents, ce qui signifie pour eux soit une première exposition en galerie, soit une carrière encore méconnue du grand public.
Le titre Balls & Glory choisi pour cet accrochage inédit n’est pas uniquement une référence au restaurant éponyme où l'équipe dînait lorsque l’idée de « sortir du cadre attendu de la galerie, qui expose pour la plupart du temps des artistes renommés » est née. Il insiste sur la gloire apportée à un artiste qui voit son travail auréolé d’une reconnaissance qui pourrait devenir le tremplin d’une carrière. Ce qui est intéressant dans la démarche de l’équipe Janssen, ce n’est pas uniquement de donner une vue d’ensemble de l’art actuel en Belgique, c’est aussi de comprendre les étapes qui jalonnent le choix des artistes pour des galeristes : la rencontre de l’artiste, la visite de son atelier, la découverte de sa manière de travailler.
Parmi nos coups de cœur, il y a Douglas Eynon. Cet Anglais vivant à Bruxelles a pris possession d’une pièce dans le fond de la galerie. Quatre grandes peintures à l’huile de 2 x 1,5 m occupent chaque mur et portent un titre évoquant avec humour les quatre points cardinaux. L’artiste les a créées in situ, dessinant un chemin qui nous emmène à travers les bois, dans un coup de pinceau qui nous évoque Munch, sorte d’envolée puissante, personnelle, avec un choix de couleurs dramatiques. Ces images sont issues des rêves de l’artiste, visions oniriques répétitives et obsessionnelles. Magnifiques.
Autre talent, Etienne Courtois. Passionné par l’art de la photographie, ce peintre photographe belge travaille en argentique et perturbe notre vision première de son travail. En effet, ses photos semblent être des peintures, alors que c’est souvent l’effet inverse qui est recherché. Les natures mortes sont des compositions mises en scène à la lumière du jour, résultant parfois de la superposition de plusieurs négatifs, parfois retouchées à la peinture, mais sans aucune manipulation digitale. Très beau travail.
Dans l’espace à l'étage situé de l’autre côté de la rue, on peut également apprécier le travail éminemment esthétique et à la fois terrifiant de Sanam Khatibi. Les peintures de cette Iranienne vivant à Bruxelles expriment à la fois ses peurs et ses fantasmes, sorte de funambule sur le fil ténu de ces deux ressentis si profonds. Les paysages sont ceux d’une nature onirique, peuplée de femmes nues et d’animaux étranges aux références érotiques. On est entre la psychanalyse et une vraie réflexion sur notre pouvoir dévastateur sur la nature, luxuriante, que nous dévorons peu à peu. Splendeur et fragilité : magnifique.
Et enfin, last but not least, le clou du show : Kasper De Vos. Ce Gantois à l’esprit délicieusement surréaliste offre ses talents artistico-culinaires pour nous confectionner des boulettes en céramique à consommer sur place ! Proposées dans des barquettes en plastique, elles donnent l’eau à la bouche, pour un tout petit prix. Accompagnées d’un sandwich en édition limitée, ce menu bien belge est proposé dans un étal alléchant. Kasper De Vos parle bien sûr de la société de consommation, et ses performances sont une réaction géniale à coup de produits en matériaux récupérés, comptoir de boulettes, avant la gloire...
Balls & Glory
Galerie Rodolphe Janssen
32 et 35 rue de Livourne
1050 Bruxelles
Jusqu’au 13 février
Du mardi au vendredi de 10h à 18h, samedi de 14h à 18h
www.rodolphejanssen.com
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