Gravures au gré des dérives

Point culminant de la Fête de la Gravure – qui regroupe une vingtaine de lieux culturels à Liège –, la 11e Biennale de Gravure s’est installée dans la verrière de la Boverie jusqu’au 14 mai. Depuis plus de 30 ans (et depuis 2003 sans interruption), la Ville de Liège célèbre l’estampe…

Les Belges s’y taillent une place de choix avec 16 exposants sur 37. À leurs côtés, on retrouve des pays habitués comme la France, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, l’Allemagne mais aussi d’autres horizons lointains tels que le Mexique, le Brésil, l’Inde, l’Australie, la Thaïlande et la Malaisie. Au total, environ 200 œuvres sont exposées. D’emblée, le noir et blanc domine mais il est vite bousculé par des couleurs – très vives – çà et là. Cette année, comme cela a déjà été le cas pour certaines éditions, les artistes se voyaient imposer un thème : Dérive(s), celle(s) du monde qui nous entoure, Dérive(s), celle(s) du temps qui passe, celle(s) de la mémoire ou des sentiments, celle(s) aussi qui vous pousse(nt) par hasard vers l’aventure et l’inconnu. Un sujet très libre mais à double tranchant, aux graveurs de le faire pencher d’un côté ou de l’autre de la lumière.

Une inauguration


La Biennale a l’honneur d’inaugurer la nouvelle galerie vitrée du musée de La Boverie, annexe de l’architecte Rudy Ricciotti. C’est un privilège mais aussi un challenge, il fallait être à la hauteur de cet espace lumineux. Pari réussi. L’ensemble à lui seul réjouit et apaise. C’est un plaisir – que les œuvres vous plaisent ou non – de se promener entre les gravures pour la plupart plutôt discrètes, en accord sans le vouloir avec ce lieu épuré. Un accord notamment possible par une forte présence cette année de formes géométriques claires telles celles de Sarah Behets, Pierre Muckensturm, Lucas Roman ou Sophie Vink, d’une poésie visuelle lénifiante.

Un peu de tout


Il y a des affiches, des montages, de la sculpture, de la gravure sur ardoise, sur aluminium, sur du mou, des empreintes, du dessin, etc. Un peu de tout finalement, car la gravure est, lors de la Biennale, prise dans son sens le plus large. Certains artistes, comme Andrea Radermacher-Mennicken, Marc Verpoorten, Grace Sippy, David Cawe, sont franchement dans une démarche de modernité quant à leurs explorations techniques. Tandis que d’autres comme Barrena Eden, Amerlynck Georges, Thierry Mortiaux , etc. se cantonnent aux techniques de l’estampe traditionnelle. On passe de la pointe sèche à la sérigraphie puis à l’aquarelle en passant par la manière noire et autres techniques classiques. De manière générale, les 200 œuvres de cette 11e biennale ont presque toutes pour support le papier. Quelques exceptions cependant dont celle, très belle, de Wilfried Pulinckx qui imprime ses sérigraphies sur aluminium.

Trois coups au cœur…


Les œuvres éthérées de Sarah Behets

Sarah Behets, née en 1977, vit à Bruxelles et enseigne le dessin et les pratiques artistiques à l'Ulg. Dans une veine géométrique abstraite, ses dessins sur papier Japon et collages nous ont tapé dans l’œil. Avec une importante économie de moyens, Sarah joue avec les formes, les volumes et les transparences, par superposition. Les couleurs pastel utilisées diffusent une énergie lumineuse. C’est délicat et élémentaire mais l’impact visuel est fort. C’est qu’il y a dans son travail une fragilité qui nous touche droit au cœur. L’importance de l’espace donne à l’effet final un haut potentiel de réflexion ; accrochées au mur, les œuvres semblent pourtant suspendues dans le vide. Dans son approche poétique du trait, Sarah Behets surprend avec ces œuvres légères mais éclatantes.

Les Nouveaux jardins de Ondrěj Michalek

C'est un paysage sémiologique, l'œuvre Les Nouveaux jardins ii est une réalité parallèle qui frappe directement le regard. On sent bien que derrière se cache une métaphore précise mais elle peut être aussi interprétée de mille façons… En y plaçant le thème Dérive(s) par exemple, Les Nouveaux jardins de Ondřej Michálek (1947, République Tchèque) renvoie à cette dérive qui fait que l’artifice vient parfois altérer notre vraie nature. Ici, les lettres géométriques font pencher l’arbre. Visuellement, Ondřej Michálek parvient à rendre une lumière éblouissante avec des couches de blanc et de noir et une attention toute particulière sur les formes.

Le coup de cœur du jury

Pour cette onzième édition, un prix de 5000 euros a été remis à Léo François Lucionni pour ses sérigraphies Archipel (2016). Il s’agit d’un jeune artiste français tout juste sorti de La Cambre. Ses œuvres sont inspirées du surréalisme.

http://beauxartsliege.be/

 

 

 

Gravures au gré des dérives

Point culminant de la Fête de la Gravure – qui regroupe une vingtaine de lieux culturels à Liège –, la 11e Biennale de Gravure s’est installée dans la verrière de la Boverie jusqu’au 14 mai. Depuis plus de 30 ans (et depuis 2003 sans interruption), la Ville de Liège célèbre l’estampe…

Les Belges s’y taillent une place de choix avec 16 exposants sur 37. À leurs côtés, on retrouve des pays habitués comme la France, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, l’Allemagne mais aussi d’autres horizons lointains tels que le Mexique, le Brésil, l’Inde, l’Australie, la Thaïlande et la Malaisie. Au total, environ 200 œuvres sont exposées. D’emblée, le noir et blanc domine mais il est vite bousculé par des couleurs – très vives – çà et là. Cette année, comme cela a déjà été le cas pour certaines éditions, les artistes se voyaient imposer un thème : Dérive(s), celle(s) du monde qui nous entoure, Dérive(s), celle(s) du temps qui passe, celle(s) de la mémoire ou des sentiments, celle(s) aussi qui vous pousse(nt) par hasard vers l’aventure et l’inconnu. Un sujet très libre mais à double tranchant, aux graveurs de le faire pencher d’un côté ou de l’autre de la lumière.

Une inauguration


La Biennale a l’honneur d’inaugurer la nouvelle galerie vitrée du musée de La Boverie, annexe de l’architecte Rudy Ricciotti. C’est un privilège mais aussi un challenge, il fallait être à la hauteur de cet espace lumineux. Pari réussi. L’ensemble à lui seul réjouit et apaise. C’est un plaisir – que les œuvres vous plaisent ou non – de se promener entre les gravures pour la plupart plutôt discrètes, en accord sans le vouloir avec ce lieu épuré. Un accord notamment possible par une forte présence cette année de formes géométriques claires telles celles de Sarah Behets, Pierre Muckensturm, Lucas Roman ou Sophie Vink, d’une poésie visuelle lénifiante.

Un peu de tout


Il y a des affiches, des montages, de la sculpture, de la gravure sur ardoise, sur aluminium, sur du mou, des empreintes, du dessin, etc. Un peu de tout finalement, car la gravure est, lors de la Biennale, prise dans son sens le plus large. Certains artistes, comme Andrea Radermacher-Mennicken, Marc Verpoorten, Grace Sippy, David Cawe, sont franchement dans une démarche de modernité quant à leurs explorations techniques. Tandis que d’autres comme Barrena Eden, Amerlynck Georges, Thierry Mortiaux , etc. se cantonnent aux techniques de l’estampe traditionnelle. On passe de la pointe sèche à la sérigraphie puis à l’aquarelle en passant par la manière noire et autres techniques classiques. De manière générale, les 200 œuvres de cette 11e biennale ont presque toutes pour support le papier. Quelques exceptions cependant dont celle, très belle, de Wilfried Pulinckx qui imprime ses sérigraphies sur aluminium.

Trois coups au cœur…


Les œuvres éthérées de Sarah Behets

Sarah Behets, née en 1977, vit à Bruxelles et enseigne le dessin et les pratiques artistiques à l'Ulg. Dans une veine géométrique abstraite, ses dessins sur papier Japon et collages nous ont tapé dans l’œil. Avec une importante économie de moyens, Sarah joue avec les formes, les volumes et les transparences, par superposition. Les couleurs pastel utilisées diffusent une énergie lumineuse. C’est délicat et élémentaire mais l’impact visuel est fort. C’est qu’il y a dans son travail une fragilité qui nous touche droit au cœur. L’importance de l’espace donne à l’effet final un haut potentiel de réflexion ; accrochées au mur, les œuvres semblent pourtant suspendues dans le vide. Dans son approche poétique du trait, Sarah Behets surprend avec ces œuvres légères mais éclatantes.

Les Nouveaux jardins de Ondrěj Michalek

C'est un paysage sémiologique, l'œuvre Les Nouveaux jardins ii est une réalité parallèle qui frappe directement le regard. On sent bien que derrière se cache une métaphore précise mais elle peut être aussi interprétée de mille façons… En y plaçant le thème Dérive(s) par exemple, Les Nouveaux jardins de Ondřej Michálek (1947, République Tchèque) renvoie à cette dérive qui fait que l’artifice vient parfois altérer notre vraie nature. Ici, les lettres géométriques font pencher l’arbre. Visuellement, Ondřej Michálek parvient à rendre une lumière éblouissante avec des couches de blanc et de noir et une attention toute particulière sur les formes.

Le coup de cœur du jury

Pour cette onzième édition, un prix de 5000 euros a été remis à Léo François Lucionni pour ses sérigraphies Archipel (2016). Il s’agit d’un jeune artiste français tout juste sorti de La Cambre. Ses œuvres sont inspirées du surréalisme.

http://beauxartsliege.be/

 

 

 

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