Pour sa deuxième exposition solo chez Hopstreet, le jeune artiste gantois déploie toute la finesse et la sensibilité de son dessin en symbiose avec le papier.
C'est quoi, un paysage ? Celui que l'artiste s'approprie et restitue est bien différent de ceux qui se déploient devant ses yeux ou qui prennent forme dans son esprit. Les paysages que Fabrice Souvereyns a couchés sur papier sont nés pendant le confinement, une nature devenue inaccessible, réinventée du bout de ses crayons.
Des arbres majestueux, des bosquets, des plaines minérales, des ciels rayonnants ou tourmentés, des fleurs, des petits animaux parfois apparaissent aussi sous ses traits fins qui ont la précision de la gravure. Il y a dans ses dessins un tumulte permanent, un bouillonnement qui est celui de la vie ou du chaos, peut-être ? On dit que la nature à horreur du vide. Quand il dessine, Fabrice Souvereyns aime d'abord remplir toute la surface de sa feuille d'une multitude de traits qui tiennent parfois de l'exubérance baroque ou de l'ornementation orientale. Mais parfois, le dessin terminé, il revient dessus avec sa gomme pour rendre au blanc des parties de sa feuille et paradoxalement fait apparaître encore plus de force et de clarté dans ce qu'il a dessiné. Parfois ses coups de gomme se font plus appuyés, il lui arrive aussi de gratter ses dessins au couteau ou d'effacer des dessins entiers pour ne laisser sur sa feuille que l'empreinte et la structure du dessin disparu. Il y a parfois des traces de couleur rouge, celle qui borde ses crayons en fin de vie, qu'il peut frotter rageusement à sa feuille.
A force d'entailles, il arrive que la feuille se déchire, l'artiste va alors la colmater par l'arrière et à l'occasion intégrer par collage d'autres éléments dessinés.
Chez Souvereyns, le paysage n'est au fond qu'un prétexte au dessin et à la rêverie à la pointe du crayon. Les images, inspirées de photographies autant que de souvenirs, glissent imperceptiblement du figuratif à l'abstrait, du végétal au minéral.
L'artiste travaille toujours sur du papier simili Japon, du même format, posé sur ses genoux. Une habitude qu'il a conservée de l'époque où il allait dessiner dans le parc. Dans cette position, sans le support d'une table, il peut mieux moduler la force qu'il donne à ses coups de crayon, de la caresse délicate à l'entaille rageuse, façon gravure.
A même le mur de la galerie, il a peint une large composition dans des tons gris bleu. Si les motifs sont a priori identiques, la dynamique et l'épaisseur du trait en font une sorte de mandala qui happe le regard et fait voyager l'esprit dans un paysage sans frontières.
Fabrice Souvereyns
Nectar
Hopstreet Gallery
Rivoli Building
109 rue Saint-Georges
1050 Bruxelles
Jusqu’au 26 février
Du jeudi au samedi de 13h à 18h
www.hopstreet.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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