Israel Ariño est né à Barcelone. Il vit en France et en Espagne. Son œuvre, tissée de mystère et de mélancolie, longe la frontière entre le familier et l’étrange à travers des séries - La pesanteur du lieu, Terra incognita, Les revenants et d’autres esprits crieurs - dont le parfum est celui des contes. La Box galerie présente deux séries récentes du photographe, fruits de son immersion dans deux territoires différents, le Japon, et la Vendée. Le voyage, la vie, et la photographie sont les ponts rendant la traversée possible entre ces deux séries qui s’associent dans l’exposition Chroniques de passages.
Dès son entrée dans la première salle, le spectateur est invité à saisir le fil tendu par l’accrochage en ligne, dont la sobriété accompagne avec une grande justesse le cours de la série. Au gré du courant a été réalisé durant l’hiver 2019, dans le cadre d’un séjour à la Maison Julien Gracq. Israel Ariño suit le sillage de l’auteur des Eaux étroites, dans une déambulation au fil de l'Èvre, un affluent de la Loire. Les tirages argentiques sont virés au sépia par le photographe, qui distille ainsi une temporalité propice à l’évocation du souvenir. Leur format intimiste plonge le spectateur dans ce territoire intermédiaire, à la lisière du réel et de l’imaginaire, où la brume dans laquelle baignent les paysages a la texture du rêve. Tel ce cliché où la surface gelée de l’Èvre se fissure, les photographies d’Israel Ariño sont les fragments d’un miroir brisé, dont les morceaux reflètent par bribes un réel, dont il suffisait de briser la surface pour qu’il devienne onirique...
Durant cette même année, Israel Ariño découvre le Japon. Ce voyage est l’occasion pour lui de marcher sur les traces de ses figures mythiques que sont Nakaji Yasu, Issei Suda, mais aussi Hokusai et Hiroshige... Dans The Okama Paradox, Ie photographe part à la recherche de l’invisible. L’arbre en train de croître, le nuage dans sa course, l’érosion de la roche sont autant de mouvements infimes qu’Israel Ariño rend perceptibles. Le regard qu’il pose saisit la subtile vibration de l’immobilité, le juste point d’équilibre du temps retenu un bref instant par la photographie. Ses personnages, souvent pris de dos, semblent immergés dans la contemplation d’un autre monde, plongeant leur regard et le spectateur sous la surface du visible.
Les photographies d’Ariño sont ainsi des portes s’ouvrant sur d’autres univers, points de passages entre le rêve et le réel. Les bords de l’Èvre et le Japon sont deux territoires opposés, au milieu desquels I’artiste se faufile comme un fleuve alimentant deux rivages qui ne peuvent se rencontrer. L’histoire de la photographie et la littérature sont ses affluents.
Basée à Bruxelles depuis 2004, la Box Galerie est dédiée à la photographie d'auteur. Cinq à six expositions, monographiques ou collectives y sont montrées chaque année.
Israel Ariño
Chroniques de passages
Box Galerie
Chaussée de Vleurgat, 102
1050 Bruxelles
Jusqu'au 15 janvier 2022
Du mercredi au samedi de 14h à 19h
(Fermeture du 25 décembre 2021 au 04 janvier 2022)
www.boxgalerie.be
Journaliste
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