A la Marc Minjauw Gallery, nous voilà la joie au cœur. Jacques Bage est de ces peintres qui poursuivent l'aventure de la couleur depuis bien des années. Dans l'exposition Ondulations, il l'exalte dans une sélection de toiles récentes, compose avec des mises à plat de sentiments et d'émotions, ouvre en grand le tableau et nous en offre plein les yeux. Des véhémences chromatiques et des formes qui nous entraînent et nous renvoient à la vie.
Il existe mille manières de peindre la couleur, et l’histoire de l’art ne cesse de nous en montrer des exemples. Quand Gauguin s'interroge sur l'équivalent de la lumière, il répond la couleur pure. Celle-ci est aussi le moteur de Kandinsky, comme il l'avoue, quand il se jette dans l'abstraction. Dans cette exposition, affranchie de la représentation, la couleur se manifeste sans nuances, par des contrastes audacieux et féconds et par une jubilation chromatique qui joue de la juxtaposition tout en insistant sur l’effet lumineux. Au sein du même tableau, des bribes parcellaires, des accords de couleurs adjointes, des complicités visuelles inattendues ou des rapports contradictoires qui évoluent ensemble tout en impliquant de plein fouet notre œil.
La puissance maximale de la couleur affirme avec force la subjectivité et le regard du peintre. La connexion visuelle avec le spectateur est immédiate. On est séduit par la recherche d’une harmonie inédite créée par un jeu de bandes verticales et horizontales aux tailles diverses qui ondulent légèrement. « Dans la nature il n’existe pas de lignes parfaitement droites », explique Jacques Bage. Ces plages de couleurs uniformes, ces aplats purs qui s’emboîtent, sont les éléments déterminants d'œuvres qui offrent une vision sciemment construite mais sans pour autant avoir recours à la rigueur géométrique ou à la raideur de la ligne droite. De toile en toile, le peintre orchestre une certaine ambivalence entre le statisme et le mouvement. Entre ses mains naissent des gammes de rose, de rouge, d'orange, de vert anis, de bleu ciel ou de bleu méthylène, de violets, des teintes vives et pimpantes qui s’adoucissent parfois dans des compositions aux tons pastel ou gris béton. S’ensuit une extraordinaire vibration lumineuse. Et l’on se demande si Jacques Bage pense en formes ou bien en couleur. L'exposition court jusqu'au 1er mai.
Originaire de Liège, Jacques Bage a fait des études à l’Institut Saint-Luc de Mons et s’est perfectionné en peinture et gravure à l’Académie royale des Beaux-Arts de Mons, puis en céramique à Hornu. En 1999, il est lauréat du premier Pôle d'Or culturel décerné par la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, distinction qui honore les artistes faisant briller les couleurs du Botroul. En 2002, il réalise une peinture murale pour le métro bruxellois à la station Gare du Midi.
Ondulations
Marc Minjauw Gallery
68 place du Jeu de Balle
1000 Bruxelles
Jusqu'au 1er mai
Du mercredi au vendredi de 10h30 à 12h30 et de 15h à 18h
Samedi et dimanche de 10h à 18h
www.mmgallery.be
Rédactrice
Traductrice puis pédagogue de formation, depuis toujours sensible à ce vaste continent qu’est l’art. Elle poursuit des études de sociologie et d’histoire de l’art avant de relever le défi de dire avec des mots ce que les artistes disent sans mots. Une tâche d’interprète en somme entre deux langages distincts. Partager le frisson artistique et transmettre l’expérience esthétique et cet autre rapport au monde avec clarté au lecteur, c’est une chance. Une sorte de mission dont elle nourrit ses textes.
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