Le photographe Jonathan Steelandt présente au Salon d'Art sa deuxième exposition qui sculpte la lumière pour créer des formes. A voir jusqu'au 16 octobre.
Il y a la couleur, un orange irradiant ou un bleu glacé. Quelques lignes droites, des zones d'ombre qui s'incurvent sous leur propre poids. A première vue, les photographies de Jonathan Steelandt sembleraient relever du jeu géométrique. Pour être honnête, ça dépend lesquelles on regarde. Sur une série de petites formats, on reconnaît un peu plus les objets photographiés. Il s'agit de normographes, outil utilisé pour tracer des lettres sur les plans.
Retour au confinement. On n'en n'a pas fini. Coincé dans son home studio, Jonathan Steelandt cherchait matière à photographier et il s'est souvenu des trois normographes de plastique orange qu'utilisait son grand-père ingénieur pour titrer ses plans. Mais ce n'est pas ces outils dont il va faire la matière de ses photos, mais de la lumière et de la couleur. Photographe publicitaire dans une autre vie, il fixe ici les contraintes choisies de son projet : pas de bidouillage numérique ou autre, pas de post production, tout se fait à la prise de vue par un savant jeu de lumière, d'ombre et de fond géométrique ou infini. Pour faire le tour de la question, un objectif de 999 prises de vue.
La série qu'il présente au Salon d'Art est plus modeste. Il y joue avec les cadres et les formats. Parfois, des assemblages géométriques de ses trois ustensiles créent avec la transparence et les ombres rapportées des constructions géométriques, maquettes de génie civil ou temples de temps lointains. Parfois, les fonds prennent de l'ampleur, équilibrant formes et couleurs dans une tension veloutée. Il ne reste alors plus qu'un trait, tranche de l'outil géométrique. On retrouve parfois sur le côté des vestiges de lettres à peine lisibles comme s'il s'agit de tablettes ramenées d'une antique civilisation plastique. Présentées sans cadre, les photos sont épinglées à même le mur. Réveillée par l'hygrométrie ambiante, la feuille semble prête à se détacher du mur comme si elle allait prendre son envol. Si on est bien dans de la photographie, la texture de l'impression digitale leur confère un aspect poudré qui se rapproche du pastel. Steelandt détourne des instruments d'écriture pour créer un univers sans lettres et sans mots. Un univers à remplir par le regard du spectateur. Certains y verront des échos de Rothko, de Gaston Bertrand, de Eischer ou de coloristes minimalistes. C'est l'esprit de la lettre.
Jonathan Steelandt
Géométries d'hier et d'aujourd'hui
81 rue Hôtel des Monnaies
1050 Bruxelles
Jusqu’au 16 octobre
Du mardi au vendredi de 14h à 18h30
Samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 18h
www.lesalondart.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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