Julia Jedwab s'élève vers le haut avec de spectaculaires pastels secs de ciels, Leonor Pires plonge avec ses peintures vers l'opacité translucide du milieu aquatique. Chez Marie-Ange Boucher. Jusqu'au 1er juillet.
On ne peut jamais dire que quand on a vu un ciel, on les a tous vus. Ils sont tous différents. C'est la même chose avec les pastels de Julia Jedwab. Depuis plus de 30 années, elle réalise des pastels des nuages qui défilent dans sa tête. Pour cela, elle a souvent levé les yeux vers les ciels changeants, notamment ceux de la mer du Nord, dont elle s'imprègne de la lumière, de leur respiration atmosphérique et de leur sens du spectacle. 92 printemps aujourd'hui, elle n'a pas rangé ses pastels. Comme les ciels, elle peut encore nous surprendre. Les dessins récents qu'elle expose à la Galerie Marie-Ange Boucher sont de format carré 17/17 ou 40/40. Artiste autodidacte, elle a fréquenté de nombreux ateliers, dont celui de Jean-Pierre Ransonnet.
Elle a côtoyé des poètes, et ses poèmes, elle les réalise avec de la couleur plutôt qu'avec des mots. Des gris, qui se métamorphosent du blanc au noir, quelques touches de beige, de bleu ou de rose, elle n'a pas besoin d'une gamme très étendue pour rendre toutes les nuances et la théâtralité qui s'expose au-dessus de nos têtes.
Peu de décors dans ses dessins, parfois on croit deviner une crête de sapins, des pics montagneux ou les toits de cabanes solitaires, à d'autres moments quelques touches de beige font apparaître le sable de la plage qui se noie dans l'écume de la mer. Comme des instantanés d'une symphonie aérienne, ses nuages apparaissent tantôt comme de vaporeuses cathédrales trouées de lumière, tantôt comme une matière humide capable d'absorber nos émotions et nos éblouissements.
Si le regard de Julia Jedwab semble aimanté vers l'opéra des hauteurs, celui de Leonor Pires se plonge vers les profondeurs d'un univers aquatique. Maniant l'acrylique, le crayon et parfois le collage, elle crée dans ses toiles une transparence opaque et gélatineuse qui happe le regard, comme s'il était emmené dans un univers sombre et miroitant où la lumière se fait rare. Dans ces sombres abysses traversées de couleurs flottent des formes blanchâtres, des filaments et des scintillements qui dérivent à la frontière entre l'abstrait et l'organique où le temps s'est arrêté, mais pas le mouvement.
Julia Jedwab
Leonor Pires
Galerie Marie-Ange Boucher
5 avenue du Grand-Forestier
1170 Watermael-Boitsfort
Jusqu'au 1er juillet
Du vendredi au dimanche de 13h à 18h
www.galeriemab.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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