La photographie à Bruxelles

Muriel de Crayencour
20 janvier 2018

Il ne vous reste qu'une semaine pour voir deux très belles expositions de photographies au BotaniqueJoel Meyerowitz dans le Museum et Lara Gasparotto à l'étage (Galerie). La photographie n'est exposée qu'à quelques endroits à Bruxelles. Ce médium plus que contemporain est aux cimaises de deux galeries spécialisées, la Box Gallery et Galerie Particulière. Ainsi, bien sûr, qu'à l'espace Contretype et la Fondation A. Sans oublier le Fusée de la Motographie activé par Recyclart. Depuis deux ans, le PhotoBrussels Festival tente l'aventure d'un événement récurrent. On peut le visiter encore ce samedi.

Le Botanique et sa responsable des expositions Marie Papazoglou - excellent œil - aiment à présenter de grands photographes contemporains de talent. On y a vu Carl De KeyzerWilliam KleinAlex WebbMarie-Françoise Plissart... Et aujourd'hui Joel Meyerowitz, photographe new-yorkais né en 1938. Photographe de la rue dans la lignée de Cartier-Bresson et Robert Frank, Meyerowitz est l'un des premiers à privilégier la couleur à l'époque du noir et blanc. Il s'intéresse à l'extraordinaire dans l'ordinaire. Il évolue avec un petit appareil Leica et est invisible pour les passants. Ses photographies urbaines capturent des instants T : une ombre fortuite, un passant qui chute. Plus tard, il va utiliser une ancienne chambre technique sur pied, qui attire les gens vers lui. Il se lance dans le portrait et les personnes qu'il photographie deviennent comme les personnages de leur propre paysage. Il ne fait qu'un seul cliché, non posé. Sa manière est celle d'un peintre in situ. Il aime à commenter le monde qui l'entoure et à réagir photographiquement à ce qu'il voit. Notons aussi sa série Tuscany : Inside the Light, avec de puissants paysages de terre, ciel, soleil, spectaculaires.

Lara Gasparotto (1989, Liège), dont nous vous parlions en 2014 dans le cadre des éditions de cartes postales Klet&ko, est une jeune photographe liégeoise. On peut dire aujourd'hui qu'elle a pris son envol tant son univers s'est densifié et enrichi. Toujours le corps, comme une sculpture blanche dans le paysage. Ou encore des moments volés au quotidien, regard brûlant d'une jeune fille qui se tourne vers l'objectif, scène de bain, silhouette nue dans l'entrebâillement d'une porte. Sensualité brûlante et doucereuse, éclats du quotidien d'une jeune artiste dans la ville. Son accrochage est formidable, on s'y coule comme dans un film de série B qu'on ne regarde que pour ses images, toutes un peu sur- ou sous-exposées, toutes passionnantes.

Le PhotoBrussels Festival, dont la première édition - nommée en 2016 le Photo18 Festival - a été lancée par Sophie Hasaerts et Delphine Dumont, couvre cette année le thème du portrait. Il est aujourd'hui entièrement repris par Delphine Dumont. Nous l'avons visité dès son ouverture sans être très séduits. Le portrait est un genre majeur dans l'histoire de l'art. Pour le déployer avec un médium tel que la photographie, il a manqué, semble-t-il, d'un sérieux commissariat d'exposition. Il ne suffit pas, en effet, d'aller trois fois aux Rencontres d'Arles pour mettre sur pied une belle exposition de portraits photographiques. Dans la sélection, très peu d'œuvres qui touchent le cœur et beaucoup de choses un peu glaçantes et sans âme. Très peu d'artistes belges, malheureusement. Notons quand même Jean-Claude Wouters. Mais Marie-Jo LafontaineVincen BeeckmanLara Gasparotto ou même Anne-Catherine Chevalier et ses portraits de mère et fille, par exemple, auraient eu leur place ici. Mais oui, soutenons à Bruxelles les artistes belges, que diable ! Le challenge est de taille et Bruxelles mérite sûrement un événement annuel autour de la photographie. Il faudra pour cela revoir les compétences des responsables de la sélection du festival.

 

Joel Meyerowitz
Where I find Myself
et
Lara Gasparotto
Come Dawn to Us

Le Botanique
236 rue Royale
1000 Bruxelles
Jusqu'au 28 janvier
Du mercredi au dimanche de 12h à 20h
http://botanique.be/

PhotoBrussels Festival
Hangar Art Center
Encore ce samedi 20 janvier
www.hangar.art 

 

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.

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