L’Appel d’avant CobrA

Laure Eggericx
03 juin 2016

Karel Appel, Sans titre, huile sur toile signée et datée 1945, 80 x 60 cm, lot 54, estimation 15-20.000 euros, vente Art belge et Ecoles du Nord chez PBA à Bruxelles le 12 juin - www.pba-auctions.com


Choisie comme couverture du catalogue, cette peinture sans titre donne le ton de la prochaine vacation de Pierre Bergé & Associés à Bruxelles. C’est que les traditionnelles ventes d’art belge organisées par la maison française dans la capitale de l’Europe se colorent de plus en plus d’un accent venu du Nord. Avec des œuvres d’artistes allemands (Gregor Hiltner), néerlandais (Breitner ou Henk Van Putten) ou scandinaves (Lindström) aux côtés de nos artistes nationaux que sont Rops, Delvaux ou Mara. Le mobilier et les pièces design – même le Val Saint-Lambert est présent – sont toujours de la partie avec des meubles de Jules Wabbes et de Maarten et Fabiaan Van Severen. Au total : une moisson de 168 lots avec des estimations commençant autour de 100 euros pour grimper à quelques milliers d’euros pour Delahaut, Claus ou Jespers.

Le sommet est occupé par cette œuvre de Karel Appel (1921, Amsterdam - 2006, Zurich) réalisée au début de sa carrière, avant même la fondation du collectif CoBrA auquel il est automatiquement associé. L’artiste néerlandais est en effet un des fondateurs de ce groupe aux côtés de Christian Dotremont, Joseph Noiret, Pierre Alechinsky, Corneille, Asger Jorn ou Pol Bury. CoBrA – pour Copenhagen, Bruxelles, Amsterdam – naît en 1948 à Paris. La peinture d’Appel que Bergé propose avec une estimation de 15-20.000 euros est antérieure de trois ans. A l’époque, l’artiste formé à l’Académie des Beaux-Arts d’Amsterdam et influencé par Picasso, Dubuffet et Matisse, est de retour à Amsterdam après une période d’errance pour fuir l’occupation et la famine. Proche de Corneille qu’il a rencontré en 1942, il partage son atelier et ses idées. Ensemble, ils vont s’opposer à l’abstraction géométrique qui domine aux Pays-Bas dans le sillage du néoplasticisme de Mondrian. Ils découvrent la peinture moderne et leurs œuvres sont marquées par ces découvertes.

Ainsi, la composition qui nous intéresse témoigne du talent de coloriste de l’artiste mais aussi de l’influence du post-cubisme sur son art. Les visages se déforment, les paysages se fondent et deviennent abstraits. La couleur devient prédominante et, comme l’exprime Robert Rousseau en 1964, « Appel a un sens très sûr des valeurs. Noir, Jaune, Rouge et Bleu, les couleurs dominantes de sa palette sont toujours équilibrées et modelées avec précision, en dépit de l'anarchie apparente régnant sur la toile. A la fin, les lignes et les couleurs sont inséparables ». Tout ceci fait sens dans cette toile issue d’une collection belge privée et acquise par l'actuel propriétaire en 1980. Qui sera le suivant ?
 

Laure Eggericx

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