Les larsens visuels d'Elzo Durt

LaVallée accueille une copieuse exposition des kaléidoscopes psychédéliques de l'illustrateur et graphiste bruxellois Elzo Durt.

Dans le monde d'Elzo Durt, on entend l'électricité des guitares, les hurlements des goules et les rires sardoniques des bons vivants. On assiste aux rencontres les plus improbables entre Gustave Doré et d'obscurs super-héros de papier, des vieilles planches anatomiques avec des motifs Art déco, ou au rendez-vous entre une créature diaphane d'Alphonse Mucha avec des zombies sortis de l'univers de George Romero.

Ailleurs, c'est le machinisme steampunk qui revisite l'imagerie de l'Egypte pharaonique. L'artiste illustrateur pratique le sampling graphique comme d'autres le sampling musical. Il ne dessine jamais, il fait du collage numérique. Son pinceau, c'est l'ordinateur. Avec une maîtrise de la composition, une imagination débordante et un sens des couleurs très aiguisé, il travaille couche par couche comme s'il faisait de la sérigraphie. Illustrateur, affichiste, il a mis son univers kaléidoscopique déjanté au service de groupes, des festivals et de labels de rock garage, de Laurent Garnier à Born Bad records, il a travaillé pour des marques de skate ou des événements culturels les plus divers. « Je travaille presque toujours sur commande et j'aime ça. Il me suffit de trois mots et je peux commencer. »

Il puise dans son impressionnante collection de vieux bouquins, magazines et revues qu'il assemble en laissant libre cours à son imagination. Il travaille beaucoup, trois ou quatre illustrations par semaine et il n'aime pas se répéter. Si certains éléments réapparaissent dans des œuvres différentes, c'est plutôt rare. Il varie l'inspiration passant de l'imagerie religieuse 19e dans la série Deus Ex Machina, aux caricatures potaches de politiques belges (dont l'irrésistible CM en djihadiste souriant) réalisées pour le magasin de skate bruxellois Ride All Day. A l'image de sa production, il a voulu une exposition très chargée. Les murs des salles d'exposition de LaVallée débordent d'images alignées côte à côte dans un silence à peine contenu.

Quand on voit sa production, on ne peut s'empêcher de penser aux posters de la grande époque psychédélique. Même si ses images sont désormais montées sur des plaques de résine acrylique, il ne cache pas son amour pour le papier. « Quand on me demande de faire une pochette d'un disque qui ne sort qu'en CD, c'est généralement non. J'ai besoin du résultat physique de la pochette de vinyle. » Il a aussi fait pas mal de flyers qui ont aussi tendance à disparaître au profit de la communication sur les réseaux sociaux. Elzo Durt a commencé à faire des illustrations juste pour faire des pochettes de disques pour les groupes qu'il aimait et a développé un univers personnel qui est loin d'avoir fini son expansion.

Elzo Durt Artshow
LaVallée
39 rue Adolphe Lavallée
1080 Bruxelles
Jusqu’au 13 mars
Du mercredi au vendredi de 14h à 18h, samedi et dimanche de 11h à 18h
www.lavallee.brussels