Le labyrinthe de Kiefer

Laure Eggericx
20 novembre 2015

Anselm Kiefer, Johannis-Logen, mixed media, photo et collage sur papier fort, 102 x 113 cm, estimation 130-150.000 euros, lot 720, vente du 25 novembre chez Dorotheum - www.dorotheum.com


Le 25 novembre prochain, Dorotheum fera la fête à l’art contemporain avec une vente où des œuvres de Lucio Fontana et de Gerhard Richter croiseront celles de Paolo Scheggi , Agostino Bonalumi, Dadamaino, Enrico Castellani, Heinz Mack, Otto Piene, Maria Lassnig, Franz West et bien d’autres. Certaines de ces œuvres ont été exposées à Bruxelles dans l’hôtel particulier de la maison viennoise, rue aux Laines. C’est le cas de cette technique mixte de Kiefer, l’un des artistes allemands les plus importants depuis la fin du second conflit mondial. Et cette guerre occupe une place primordiale dans l’œuvre de l’artiste né en 1945 dans une région frontalière aux confins de la Suisse, de l'Autriche et de la France, pays où il s’installera en 1993. La guerre, l’holocauste, l’histoire de son pays figurent parmi les thèmes favoris de l’artiste qui s’est rendu célèbre dès 1969 en se prenant en photo faisant le salut nazi dans les grandes villes d’Europe. Depuis lors, l’artiste est devenu un acteur important de l’art contemporain, il a fait son entrée au Louvre en 2003 et possède des œuvres dans les plus grands musées du monde (dont le S.M.A.K. en Belgique). Il a exposé ses œuvres colossales au Musée Royal des Beaux-Arts (MUKHA) d’Anvers en 2010 et a été tout récemment nommé docteur honoris causa de l’université d’Anvers. Et last but not least, ses livres font actuellement l’objet d’une exposition à la BNF.

L’œuvre sur papier qui sera mise à l’encan autour de 130-150.000 euros date du début de sa carrière. Elle montre qu’à l’époque déjà, l’artiste usait de symboles, de thèmes et de motifs issus de l’histoire et de la culture de son pays, parmi lesquels ceux ayant permis l’émergence du nazisme. De son point de vue, la confrontation visuelle avec l’histoire du pays a une vertu thérapeutique collective pour le peuple allemand. Le titre de cette œuvre fait référence à une loge maçonnique dont le saint patron est St Johannis. Kiefer associe le motif des escaliers à divers signes maçonniques qu’il connecte avec les noms de différentes loges et organisations franc-maçonnes. Les escaliers qui montent habituellement dans la hiérarchie maçonnique, sont alignés avec une tendance à descendre alors que les chiffres croissent. Ce processus est caractéristique de la manière de faire de l’artiste, qui n’a de cesse de jouer avec différents codes et iconographies et à les manipuler jusqu’à ce que le spectateur, familiarisé, s’y perde comme dans un labyrinthe… Issue le 25 à Vienne.
 

Laure Eggericx

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