Acquis par la Ville de Namur et confié à l’association namuroise KIKK pour sa gestion quotidienne et son animation, Le Pavillon, nouveau lieu des cultures numériques, ouvrira en mode pop-up, du 13 mars au 13 juin, avant une deuxième phase de travaux. L’idée est de faire participer le public à la construction du projet. L’occasion de parler des cultures numériques en Belgique avec Gilles Bazelaire, le directeur du KIKK, qui travaille sur le projet depuis très longtemps.
Comment est né le projet ?
Le Pavillon renvoie à une intuition qu’on a depuis longtemps avec le KIKK en termes de cultures numériques. Il y a dix ans, on a créé le KIKK, un festival de quatre jours, avec des sociétés qui avaient besoin de se réunir et d’éveiller le public car il n’existait pas encore de moment fédérateur autour des cultures digitales. On a vite eu un goût de trop peu, alors on a créé le TRAKK, un lieu dédié à ce secteur au niveau entrepreneurial. Aussi, avec notre magazine, on a testé une certaine permanence par rapport à notre thématique des cultures numériques, à destination du public. On voulait un lieu accessible à tous et tout le temps ! Bref, on a fait part de cette volonté à la Ville de Namur qui, en parallèle, avait fait l’acquisition du Pavillon de Milan.
Le Pavillon a-t-il pour ambition de devenir un lieu de référence à l’échelle internationale ?
On va mettre dans ce projet la même ambition que nous avons mise dans le développement du KIKK Festival (qui a une renommée internationale). On commence ici en année zéro avec Le Pavillon, mais à long terme nous avons la volonté d’en faire un lieu de référence international, c’est une évidence.
Les cultures numériques ne sont plus un secteur émergent, mais quelque chose de nouveau se passe : le digital n’est plus vu comme un ennemi de la planète… Au contraire ! Est-ce que cet aspect entre en compte dans votre réflexion ?
Oui, on veut vraiment donner certaines clés pour transformer le numérique en quelque chose d’hyperpositif ! Un des axes sur lesquels l’asbl travaille depuis le début, c’est l’appropriation des cultures numériques. On veut faire prendre conscience aux instances publiques et au grand public qu’il y a deux manières d’appréhender le numérique. Une première, la plus facile, la plus classique, c’est le subir, le consommer. L’autre manière, c’est se l’approprier. Il faut aider le public à faire un usage positif du numérique. C’est un axe fort de notre projet, à travers les ateliers, les sensibilisations envers le jeune public, etc.
La participation citoyenne semble au cœur du projet. Le Pavillon serait comme un laboratoire auquel le public peut participer, plus qu’un lieu d’exposition…
Oui, c’est le but. On veut en faire un lieu de questionnement. Un questionnement que l’on va proposer à travers des expositions d’art numérique, des présentations de projets d’entrepreneurs, de chercheurs, mais aussi une multitude d’activités qui vont avoir lieu quand on pourra les nommer. On veut que les contenus proposés dans le pavillon ne soient pas juste consommés, mais qu’ils résonnent auprès du public, qu’ils soient engageants, qu’ils fassent naitre des questions, des solutions, des éventualités…
Le public va d’ailleurs coconstruire le projet final…
Oui, on va travailler avec des sous-groupes, des écoles, des professeurs, des formateurs... On va récolter un maximum de réactions et de propositions pour déjà amener à la fin de cette phase pop-up, cette phase de test, une réflexion encore plus enrichie pour le projet final.
Quelle est votre vision du numérique ?
Il n’existe pas qu’une seule culture digitale. Les cultures numériques sont liées à une temporalité dans laquelle ont émergé des nouveaux dispositifs, des nouveaux moyens de consommation, de création…
Quelle est la place des cultures numériques en Belgique, et ailleurs ?
Sur le plan professionnel, dans le cadre de l’industrie culturelle et créative, la Belgique regorge de talents. L'écosystème belge est dense. Il y a un microcosme créatif extrêmement riche mais qui n’est pas fédéré, malheureusement. Il bénéficie cependant d’un passé culturel assez créatif. On a observé, dans les arts précédents comme le cinéma et la bande dessinée, que la Belgique était un terreau imaginatif ! On a une richesse culturelle avec une nécessité, vu la taille restreinte de notre territoire, de s’internationaliser rapidement. Namur, Liège, Charleroi, même Bruxelles, ce n’est pas comme Paris, il faut sortir des frontières pour faire émerger un talent, des créations. En résumé, c’est un secteur à la fois affaibli par son manque de structure et de compréhension et renforcé par sa richesse et son enseignement qualitatif.
Et sur le volet artistique spécifiquement ?
Là, on fait face à une difficulté de lieux d’exposition. L’art numérique n’est pas simple à exposer, ça demande beaucoup de matériel, de compétences, de connaissances. On voit bien que les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ont du mal à être exposés, à tourner… et puis c’est un art qui se vend très peu, car c’est compliqué d’installer chez soi une installation interactive. Dans ce cadre, un lieu comme Le Pavillon ou un festival comme le KIKK servent à faire tourner ce monde-là. La composante commune de tout ça, c’est qu’on fait face à un secteur qui, par essence, ne peut avoir aucune barrière et qui doit, dès sa naissance, penser de manière globale, de manière internationale, de manière diffuse, plutôt que de penser de manière uniquement locale.
La FWB reconnaît-elle les cultures numériques ? Est-ce qu’elle les soutient ?
Il y a une branche de la FWB, la section arts numériques, qui soutient les artistes numériques et, grâce à cette cellule, on a l’occasion d’exposer ces artistes mais, si on met ce soutien en parallèle avec ce que représente l’art plastique, les chiffres sont ridicules. On fait encore face à un monde cloisonné qui a du mal à changer et à évoluer rapidement. Les cultures numériques sont multiples, transversales, et c’est une difficulté d’être considéré dans ce contexte-là. On est à la fois dans l’art, la culture, l’économie, la recherche… Au final, on se retrouve à une intersection où il n y a personne pour aider. Alors que c’est justement, à nos yeux, à cette intersection que naissent l’innovation, la créativité, la richesse et la valeur (qu’elle soit économique ou culturelle).
Les objectifs de la Ville de Namur sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
C’est vraiment notre partenaire principal avec la Wallonie. Déjà, rien que de nous le mettre à disposition, c’est énorme. Mais à ce stade, ça reste un projet qui est sous-financé et qui va devoir grandir et faire ses preuves. Ceci dit, quand on a commencé le festival, on a aussi commencé avec un budget limité. On a une ville qui nous soutient et après dix ans, une confiance forte s’est installée.
Le Pavillon pop-up et l'exposition Humans / Machines
Esplanade de la Citadelle
5000 Namur
Du 13 mars au 13 juin
Mercredi, samedi et dimanche de 12h à 18h
www.le-pavillon.be
Acquis par la Ville de Namur et confié à l’association namuroise KIKK pour sa gestion quotidienne et son animation, Le Pavillon, nouveau lieu des cultures numériques, ouvrira en mode pop-up, du 13 mars au 13 juin, avant une deuxième phase de travaux. L’idée est de faire participer le public à la construction du projet. L’occasion de parler des cultures numériques en Belgique avec Gilles Bazelaire, le directeur du KIKK, qui travaille sur le projet depuis très longtemps.
Comment est né le projet ?
Le Pavillon renvoie à une intuition qu’on a depuis longtemps avec le KIKK en termes de cultures numériques. Il y a dix ans, on a créé le KIKK, un festival de quatre jours, avec des sociétés qui avaient besoin de se réunir et d’éveiller le public car il n’existait pas encore de moment fédérateur autour des cultures digitales. On a vite eu un goût de trop peu, alors on a créé le TRAKK, un lieu dédié à ce secteur au niveau entrepreneurial. Aussi, avec notre magazine, on a testé une certaine permanence par rapport à notre thématique des cultures numériques, à destination du public. On voulait un lieu accessible à tous et tout le temps ! Bref, on a fait part de cette volonté à la Ville de Namur qui, en parallèle, avait fait l’acquisition du Pavillon de Milan.
Le Pavillon a-t-il pour ambition de devenir un lieu de référence à l’échelle internationale ?
On va mettre dans ce projet la même ambition que nous avons mise dans le développement du KIKK Festival (qui a une renommée internationale). On commence ici en année zéro avec Le Pavillon, mais à long terme nous avons la volonté d’en faire un lieu de référence international, c’est une évidence.
Les cultures numériques ne sont plus un secteur émergent, mais quelque chose de nouveau se passe : le digital n’est plus vu comme un ennemi de la planète… Au contraire ! Est-ce que cet aspect entre en compte dans votre réflexion ?
Oui, on veut vraiment donner certaines clés pour transformer le numérique en quelque chose d’hyperpositif ! Un des axes sur lesquels l’asbl travaille depuis le début, c’est l’appropriation des cultures numériques. On veut faire prendre conscience aux instances publiques et au grand public qu’il y a deux manières d’appréhender le numérique. Une première, la plus facile, la plus classique, c’est le subir, le consommer. L’autre manière, c’est se l’approprier. Il faut aider le public à faire un usage positif du numérique. C’est un axe fort de notre projet, à travers les ateliers, les sensibilisations envers le jeune public, etc.
La participation citoyenne semble au cœur du projet. Le Pavillon serait comme un laboratoire auquel le public peut participer, plus qu’un lieu d’exposition…
Oui, c’est le but. On veut en faire un lieu de questionnement. Un questionnement que l’on va proposer à travers des expositions d’art numérique, des présentations de projets d’entrepreneurs, de chercheurs, mais aussi une multitude d’activités qui vont avoir lieu quand on pourra les nommer. On veut que les contenus proposés dans le pavillon ne soient pas juste consommés, mais qu’ils résonnent auprès du public, qu’ils soient engageants, qu’ils fassent naitre des questions, des solutions, des éventualités…
Le public va d’ailleurs coconstruire le projet final…
Oui, on va travailler avec des sous-groupes, des écoles, des professeurs, des formateurs... On va récolter un maximum de réactions et de propositions pour déjà amener à la fin de cette phase pop-up, cette phase de test, une réflexion encore plus enrichie pour le projet final.
Quelle est votre vision du numérique ?
Il n’existe pas qu’une seule culture digitale. Les cultures numériques sont liées à une temporalité dans laquelle ont émergé des nouveaux dispositifs, des nouveaux moyens de consommation, de création…
Quelle est la place des cultures numériques en Belgique, et ailleurs ?
Sur le plan professionnel, dans le cadre de l’industrie culturelle et créative, la Belgique regorge de talents. L'écosystème belge est dense. Il y a un microcosme créatif extrêmement riche mais qui n’est pas fédéré, malheureusement. Il bénéficie cependant d’un passé culturel assez créatif. On a observé, dans les arts précédents comme le cinéma et la bande dessinée, que la Belgique était un terreau imaginatif ! On a une richesse culturelle avec une nécessité, vu la taille restreinte de notre territoire, de s’internationaliser rapidement. Namur, Liège, Charleroi, même Bruxelles, ce n’est pas comme Paris, il faut sortir des frontières pour faire émerger un talent, des créations. En résumé, c’est un secteur à la fois affaibli par son manque de structure et de compréhension et renforcé par sa richesse et son enseignement qualitatif.
Et sur le volet artistique spécifiquement ?
Là, on fait face à une difficulté de lieux d’exposition. L’art numérique n’est pas simple à exposer, ça demande beaucoup de matériel, de compétences, de connaissances. On voit bien que les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ont du mal à être exposés, à tourner… et puis c’est un art qui se vend très peu, car c’est compliqué d’installer chez soi une installation interactive. Dans ce cadre, un lieu comme Le Pavillon ou un festival comme le KIKK servent à faire tourner ce monde-là. La composante commune de tout ça, c’est qu’on fait face à un secteur qui, par essence, ne peut avoir aucune barrière et qui doit, dès sa naissance, penser de manière globale, de manière internationale, de manière diffuse, plutôt que de penser de manière uniquement locale.
La FWB reconnaît-elle les cultures numériques ? Est-ce qu’elle les soutient ?
Il y a une branche de la FWB, la section arts numériques, qui soutient les artistes numériques et, grâce à cette cellule, on a l’occasion d’exposer ces artistes mais, si on met ce soutien en parallèle avec ce que représente l’art plastique, les chiffres sont ridicules. On fait encore face à un monde cloisonné qui a du mal à changer et à évoluer rapidement. Les cultures numériques sont multiples, transversales, et c’est une difficulté d’être considéré dans ce contexte-là. On est à la fois dans l’art, la culture, l’économie, la recherche… Au final, on se retrouve à une intersection où il n y a personne pour aider. Alors que c’est justement, à nos yeux, à cette intersection que naissent l’innovation, la créativité, la richesse et la valeur (qu’elle soit économique ou culturelle).
Les objectifs de la Ville de Namur sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
C’est vraiment notre partenaire principal avec la Wallonie. Déjà, rien que de nous le mettre à disposition, c’est énorme. Mais à ce stade, ça reste un projet qui est sous-financé et qui va devoir grandir et faire ses preuves. Ceci dit, quand on a commencé le festival, on a aussi commencé avec un budget limité. On a une ville qui nous soutient et après dix ans, une confiance forte s’est installée.
Le Pavillon pop-up et l'exposition Humans / Machines
Esplanade de la Citadelle
5000 Namur
Du 13 mars au 13 juin
Mercredi, samedi et dimanche de 12h à 18h
www.le-pavillon.be
Pour rester au courant de notre actualité,
inscrivez-vous à notre newsletter !
Faites un don pour soutenir notre magazine !