La question : Que dessiner ? peut être une interrogation plus complexe que Comment dessiner ? Olivier Spinewine s'y attelle dans son livre Le Pédiluve, en choisissant une contrainte formelle précise : ne dessiner que des pieds.
À l'encre, au crayon de couleur, au feutre... sur toutes sortes de papiers, il tente d'épuiser le sujet. Le pied est son sujet, et ainsi devient une personne, souvent un petit marrant, parfois terrifiant, mais aussi un objet, un accessoire, bref, un motif. Un motif, une image répétée dans toutes ses variantes. Mais aussi un motif, une raison, une mission : aller au bout du sujet. Cela semble compliqué, mais justement, le livre dans les mains, cette quête - peut-être absurde - est d'une clarté réjouissante.
Le pied, comme l'exprime Georges Bataille dans Le gros orteil, c'est la polarité entre l'immonde et l'extrême séduction. Ici, ça se passe entre la contrainte et l'extrême liberté, largement teintée d'humour.
Le livre n'intègre aucun texte. On plonge directement dans les images. C'est le pied ! Mis en page à la manière d'un carnet de croquis, Le Pédiluve donne l'impression que certaines pages plus petites et d'une autre couleur se superposent à la page que vous tournez. On est dans un carnet de croquis, de recherche, avec ce motif répété. Avec quatre-vingts dessins, Olivier Spinewine n'a pas fait seulement le tour du sujet, mais un livre très réussi, bien ancré au sol, qui raconte beaucoup de choses sur la force du dessin.
Dessinons !
Le Pédiluve | Olivier Spinewine | 2022 | 24,5 x 32,5 cm | 152 pages | 35 € | Lustre Editions | editeurssinguliers.be
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