C'est la quatrième édition de l'exposition triennale du European Prize for Applied Arts, organisé par WCC-bf - qu'on nomme aujourd'hui BeCraft - aux Anciens Abattoirs de Mons, Jusqu'au 20 janvier. Cette triennale est complétée la Triennale du bijou contemporain et la Triennale de la Céramique et du Verre les autres années. Jusqu'au 20 janvier, 76 créateurs - sur les 600 qui ont rentré un dossier - présentent les pièces créées pour ce prix, sur le thème Monumentality & Fragility.
Argile, bois, verre, argent, béton, porcelaine, crin, PVC, textile, papier, ... sont autant de matériaux utilisés pour créer les objets à voir ici. C'est un régal de créativité et de virtuosité. Les thèmes de la monumentalité et de la fragilité semblent parfaits pour déployer les imaginaires des créateurs. Si l'artisanat dans sa perception traditionnelle vous fait penser à quelques pots tournés et quelques cols crochetés, il est urgent pour vous de venir découvrir comment les créateurs d'aujourd'hui, avec leur pratique personnelle et locale, illustrent les profonds changements de société. Si la technologie, le numérique et la mondialisation ont aujourd'hui un impact jamais vu par le passé, le retour à un éco-système plus respectueux est un mouvement profond. Mêlant ces technologies nouvelles et des savoir-faire ancestraux, les artisans d'aujourd'hui nous donnent en un suc longuement travaillé, réfléchi, testé, re-testé, mis en forme, un compte-rendu précieux, précis et actuel du monde.
"Ce prix qui reflète et célèbre l'excellence du savoir-faire artisanal agit comme un point d'inflexion et de réflexion de l'ensemble du secteur. Notre culture européenne collective en matière d'Arts appliqués fournit des données tangibles : la multiplicité des objets inspirés par la tradition, la mode, la politique et l'opinion publique rendent compte de l'évolution de nos valeurs et de la transformation de nos sociétés à travers les siècles", explique Louise Allen, la présidente du Word Crafts Council Europe.
Pointons dès l'entrée Pink de Janne Nes (Norvège), 11 couches de soie colorée comme autant d'étendards formant ensemble au beau volume et se mouvant délicatement à votre passage. Talk to Me d'Adi Toch (Grande Bretagne) a reçu le Prix du Maître d'Art : plusieurs délicieux petits récipients en argent, laiton, métal patiné, sur échasses, tous avec un bec verseur qui ressemble à un bec d'oiseau. A côté, un micro vous invite à émettre quelque son. Il sera restitué par l'un ou l'autre de ces récipients, soudain tremblotants sur leurs échasses. La Belge Ute Van der Plaats présente Secret garden necklace, un collier et une broche en barbotine dont une perle cache un jardin secret blanc et délicat. Là, trois remarquables vases en porcelaine coulée et pistolée, aux couleurs vives et finition mate, de Sophie Southgate (Grande Bretagne), dans un esprit abstraction géométrique. Voyez encore les colliers en matériaux récupérés assemblés et cousus, comme Puma, de Loukia Rochards (Grèce). Les créations textile de Caroline Scholfield (Irlande). Les étranges objets organiques en cuivre martelé nickel de Cóilín Ó Dubhghaill (Grande Bretagne) sont à un cheveu de la sculpture. L'Installation de 267 récipients de porcelaine allant du plus lisse au plus troué ou endommagé, de Nicola Kelly (Irlande), est une métaphore impeccable du temps qui passe. Le collier Exquisite Corpse de Marion Delarue, en porcelaine rose, semble un segment inquiétant d'une poupée articulée. Les bijoux en galuchat, perles et morceaux de pellicule de film, faisant comme des plumes noires, de Sébastien Carré (France) résonnent comme des objets archaïques. Mais encore, les pièces tournées et assemblées en porcelaine, de Kris Campo (Belgique), les hilarants objets en verre comme Queen Elisatbeth from The Made-Up Museum of Artefacts Collection, de Juli Bolaños-Durman, etc. d'autres merveilels encore sur lesquelles il faut se pencher pour en inhaler tous les parfums.
Prix européen des Arts appliqués
BeCraft
Les Anciens Abattoirs
17 rue de la Trouille
7000 Mons
jusqu'au 20 janvier
Du mardi au dimanche de 12h à 18h
www.becraft.org
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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