Les contrepoints marins et poétiques de Miguel Chevalier

Marie-Laure Desjardins
11 avril 2018

Le site est exceptionnel. Presque démesuré. Pourtant, Miguel Chevalier n’a pas hésité à investir les 3 500 m2 de la Base sous-marine de Bordeaux. Signant sa plus importante exposition personnelle. Avec Digital Abysses, ce pionnier de l’art virtuel et numérique poursuit son exploration de la nature à travers le thème de la faune et de la flore des océans. Inspiré par les grands fonds marins qui occupent les deux tiers de la planète, l’artiste français poursuit une recherche, entamée voici bien des années, sur le lien entre nature et artifice, questionne la notion de vie artificielle, ainsi que notre relation au vivant, visible ou invisible. Dix installations monumentales, dont huit numériques, et plusieurs cabinets de curiosités renfermant quelque 100 pièces (sculptures, tableaux, boîtes lumineuses…) alertent sur la fragilité des écosystèmes marins et sur la nécessité de préserver la biodiversité de notre planète. La plongée est majestueuse. A signaler également, la participation de Miguel Chevalier à l’exposition Artistes & Robots, qui a ouvert ses portes au Grand Palais, à Paris et la sortie d’une nouvelle monographie témoignant de son travail durant les dix-huit dernières années.

ArtsHebdoMédias. – Pourquoi avoir accepté un tel défi ?

Miguel Chevalier. – J’ai eu un coup de cœur pour ce lieu hors normes, qui n’a pas été construit pour accueillir de l’art. Loin sans faut. C’est une architecture militaire, impressionnante, pénétrée par l’eau. Une suite de hangars qui permettaient d’abriter des sous-marins. Mais aussi dont l’ancien bunker, qui servait pour les réparations de tous les engins, a été aménagé en centre d’art. Dès ma première visite, l’idée d’imaginer quelque chose à l’échelle de tous les espaces du lieu m’a enthousiasmé. Il y en a de petits et d’autres beaucoup plus grands ! J’ai su tout de suite que ce serait idéal pour montrer un ensemble de pièces dont les écrins successifs s’emboîteraient un peu comme des poupées russes.

ArtsHebdoMédias. - Parlez-nous de votre inspiration.

Le dispositif que j’ai imaginé n’est pas en relation avec l’histoire du bâtiment, mais plutôt en rapport avec les grandes profondeurs où frayent habituellement les sous-marins pour ne pas être repérés par l’ennemi. C’était une occasion rêvée d’ouvrir un nouveau champ en relation avec la nature. Aquatique, cette fois. Je me suis beaucoup inspiré des coraux et des diverses concrétions qui prospèrent dans les fonds marins, mais aussi du plancton, de tous les micro-organismes qui y vivent. Le plancton est un véritable poumon pour notre planète. Il produit au moins 50 % de notre oxygène. Sans même être un écologiste forcené, il est impossible aujourd’hui d’ignorer les risques encourus si l’on ne préserve pas les océans. Une prise de conscience planétaire est nécessaire. C’est ce qui m’a amené à collaborer avec la fondation Surfrider, une ONG européenne qui se consacre à la défense des océans et à leur mise en valeur. (...)

Dans le cadre d’un partenariat avec Arts Hebdo Medias, un site français d’information dédié à l’art contemporain, nous vous proposons de lire la suite de cet article sur www.artshebdomedias.com

Marie-Laure Desjardins

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