La galerie Dys rassemble des œuvres d'Alexandra Duprez, Héloïse Rival et Darédo, trois artistes d'un primitivisme raffiné qui explorent la beauté du vertige et la perméabilité entre les mondes imaginaires et le réel.
Des éblouissements, un moment de révélation, qui ne va pas sans perte de sens, ni sans danger. C'est un moment de funambulisme sensoriel. À trop regarder le soleil, on risque de perdre la vue. Il n'y a aucun danger à admirer aussi longtemps qu'on le souhaite les trois artistes qui exposent à la galerie DYS. Leurs images restent imprimées dans la rétine sans la brûler.
Alexandra Duprez pratique le dessin à l'économie. Dans ses dessins au minimalisme sensuel et symbolique, des silhouettes font tourner les mains et des mains poussent de l'intérieur pour tester notre équilibre. Dans une autre vie, elle a dû être charmeuse de serpents et leur apprendre le langage des mains. Chercheuse de surfaces, elle colonise l'envers des couvertures de livres pour y inscrire au crayon des histoires qui n'ont pas besoin de mots. Sur des couvertures au tissé rapiécé, un bouquet de mains pour chatouiller la terre et un chien vert qui vient se coucher en dedans. Sur de grandes compositions, un banc d'yeux sardines nous regarde en miroitant depuis les profondeurs.
Venue du graphisme et de la sérigraphie, Héloïse Rival s'est orientée vers la céramique et plus particulièrement vers le bas-relief. Une forme d'expression aux origines lointaines qui appelle les récits mythologiques et fondateur. Avec un trait vagabond, elle ensemence la surface de ses carreaux de céramique. Dans une gamme de couleurs où dominent les ocre bleu, elle tord les corps comme des rubans qui se reflètent dans l'éclat de la lune et le doux regard des yeux papillons. Pour l'exposition, elle a réalisé une arche en céramique où elle déploie in situ, en bas-relief et en volume, un univers fantasmagorique où les hommes, les plantes, les animaux, les astres et les Dieux jouent à cache-cache derrière le vernis de l'émail.
Quand on regarde un dessin de Darédo, on ne sait pas par où commencer. Il y a d'abord comme une sensation de trop plein, de débordement, mais l'œil est très vite aspiré dans ce tourbillon de formes dessinées au Bic. Dans un univers qui suggère les profondeurs de la mer des Sargasses ou peut-être les tréfonds d'un esprit à l'imagination féconde. Artiste autodidacte installée dans le Sud de la France, Darédo accueille sur ses dessins les ombres de Dubuffet, qui dansent avec des créatures de mythologies inconnues, des êtres façonnés par les peurs les plus intimes et par l'attrait de l'inconnu. L'artiste décrit ses dessins comme un théâtre de forces magiques, comme une transposition intime et spirituelle du réel. Elle propose aussi une série d'irrésistibles poupées mutantes en tissu brodé et surpiqué. Des hommes-oiseaux de l'au-delà, messagers de l'invisible, qui flottent derrière nous dès qu'on a le dos tourné.
Les éblouissements
Galerie DYS
84 rue de l'Arbre Bénit
1050 Bruxelles
jusqu'au 16 avril
Du jeudi au vendredi de 11h à 18h
Du samedi au dimanche de 14h à 18h
www.galeriedys.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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