iMAL, le centre d'art dédié aux cultures et aux technologies numériques, propose une impressionnante installation immersive de l'artiste autrichien Kurt Hentschläger.
Véritable expérience immersive, l'installation de Kurt Hentschläger attend du visiteur une disponibilité sensorielle. Avant de s’approcher de l'œuvre et de la laisser gagner nos sens, on est prié d'abandonner à l'entrée tous ces appendices électroniques qui nous permettent de communiquer avec l'extérieur. Une fois passé le premier petit rideau, on est plongé dans le noir total. Pour s'y retrouver, on se repère en touchant le mur du bout des doigts. Mais très vite, des flashes de lumière et de couleur projetés sur un écran viennent trouer l'obscurité. L'écran allongé occupe tout le mur du fond. Les projections, qui durent à peine un tiers de seconde, puisent dans un stock d’animations et de formes composées de figures, de lignes géométriques ou d’amas de points de lumière blanche. L’intensité lumineuse qui pourrait parfois faire penser au « blast » d’une explosion nucléaire laisse sur l'écran comme l’ombre d’une image ou d'une lumière invisible, à moins que ce soit sur notre rétine, on ne sait pas très bien. Sans cesse ballotté entre une alternance hypnotique de privation et de surcharge sensorielle, l’esprit s’abandonne ou se raccroche à la bande son qui emplit l’espace de ses bruits électroniques et organiques créant un autre paysage invisible et non tangible.
L'artiste autrichien, dont c'est la première présentation en Europe de cette nouvelle œuvre, habite et travaille aux États-Unis. Depuis une trentaine d'années, il explore dans ses installations immersives l’impact sensoriel des nouvelles technologies numériques et audiovisuelles. « Dans mon travail, explique-t-il, je m'intéresse à la manière avec laquelle nous prenons conscience du monde qui nous entoure. Nos perceptions sont influencées par des facteurs psychologiques et émotionnels qui dépendent du moment. Et quand nous n’avons pas de références, nous en créons pour donner un sens à ce que nous voyons. »
En plongeant le spectateur dans l’obscurité, l’artiste favorise l'introspection. La brièveté des images laisse une image subliminale qui est balayée par la suivante. « Même si on projette une boucle d’images qui durent une vingtaine de minutes, je ne la considère pas comme un film. Je me vois plutôt comme un peintre. On peut retrouver dans mon travail des éléments de science-fiction, d’op art des sixties ou du minimalisme. Je trouve aussi très intéressant de jouer sur la confusion de tous ces éléments. » L’impact de l'œuvre est très liée à l’architecture, au volume de la salle, à la hauteur des plafonds et ce n'est qu'une fois que l'œuvre est « calibrée » à son environnement qu'elle prend son sens. A iMAL, l’espace est rythmé par des colonnes en béton. Pour profiter pleinement de SUB, on vous conseillera, une fois qu’on s’est habitué à l’obscurité, de bouger dans la salle et de s’approcher de l’écran jusqu’à laisser les images envahir complètement notre champ visuel. SUB n’a pas de début ni de fin, on en ressort comme on y est entré en se laissant tactilement guider par le mur de béton. Mais derrière les yeux, on a encore des fantômes d’images qui s’attardent et qu'on emmène avec soi.
Kurt Hentschläger
SUB
iMAL
30 quai des Charbonnages
1080 Bruxelles
Jusqu'au 23 mai
Du mercredi au vendredi de15h à 19 h
Samedi et dimanche de 14h à 18h
www.imal.org
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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