Ceci n'est pas une image générée par ordinateur. Etonnamment. Ceci est une peinture qui résume, en deux couleurs complémentaires sélectionnées avec soin, des recherches sur la théorie de la couleur. Lois de la physique et histoire de l'art se rejoignent dans les très subtiles peintures d'Adrien Lucca.
« Les couleurs complémentaires s'amplifient lorsqu'elle sont posées les unes à côté des autres. Ce jaune clair devient encore plus clair à côté d'un bleu violet foncé », explique l'artiste. Sur chaque composition, la quantité de couleur complémentaire est calculée pour que l'impression générale de l'assemblage soit le gris. Une autre consigne que s'impose l'artiste : la couleur doit couvrir 50 % de la surface du papier. A la Levy-Delval Gallery, les dessins sont présentés sur un mur tapissé des compositions agrandies.
Que se cache-t-il derrière l'ensemble des consignes que s'impose ce jeune artiste français ? Adrien Lucca est né en 1983 à Paris. Il vit et travaille à Bruxelles et est professeur à La Cambre. On avait découvert son travail chez Maison Particulière. Derrière son discours de théoricien apparait un goût non réfréné pour la couleur. Pour les couleurs et leur agencement. Grille de petits carrés posés à l'acrylique de manière régulière sur le papier, à l'aide d'un film pochoir, chaque œuvre d'Adrien Lucca dégage à la fois un aspect technique et une grande subtilité. L'artiste aimerait qu'aucune émotion, aucun discours ne sourde de ses peintures. C'est sans doute pour cela qu'il les englobe dans un prérequis théorique bétonné. Qui tient la route. Et pourtant, ce qui saute au yeux, c'est une grâce, une délicatesse, une joie. Comme Mondrian tentait l'art total – « Qu'est-ce que je veux exprimer par mon œuvre ? Rien d'autre que ce que cherche chaque peintre : exprimer l'harmonie par l'équivalence des lignes, des couleurs et des plans. Mais ceci de la façon la plus claire et la plus forte » – Adrien Lucca laisse parler la couleur, et la poésie vient juste derrière l'apprêt de la théorie, presque furtivement. Avec éclat. On aime beaucoup.
Dans la deuxième salle de la galerie, belle découverte de l'artiste Hayal Pozanti, né en 1983 à Istanbul et qui a étudié aux Etats-Unis. Pozanti travaille sur un lexique de 31 formes, qu'elle nomme Instant Paradise, avec lequel elle joue pour créer des compositions à la fois complètement d'aujourd'hui et hommage vibrant aux artistes abstraits modernistes.
Adrien Lucca
Wave Patterns
et
Hayal Pozanti
Corpus
Levy-Delval Gallery
9 rue Fourmois
1050 Bruxelles
Jusqu'au 28 mai
Du mercredi au samedi de 14h à 18h
http://www.levydelval.com/
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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