Jusqu’au 23 avril, la Galerie Templon accueille la première exposition individuelle à Bruxelles de l’artiste designer et chercheuse française Jeanne Vicerial.
Présences. Le titre de l’exposition présentée par l’antenne bruxelloise de la Galerie Templon porte bien son nom. Les visiteurs y sont immédiatement confrontés aux présences des silhouettes qui l’entourent. Ils déambulent parmi les œuvres de taille et de forme humaines, prenant part au défilé de tissu noir proposé par la couturière et docteure en design de mode Jeanne Vicerial.
Les figures mises en scène par l’artiste sont réalisées au moyen d’un seul fil mesurant des centaines de kilomètres, témoignant de la technicité et l’innovation au cœur du travail de Jeanne Vicerial. Cette dernière est l’inventrice du « tricotissage », méthode qui s’inspire du système musculaire humain et utilise le tissage, la dentelle et la maille pour produire des vêtements localement et sans chute de tissus. Au carrefour entre l’art, la science et la mode, la chercheuse mène ainsi une réflexion sur l’anatomie, le genre, l’environnement mais aussi sur les modes de consommation et de production vestimentaires.
La question du corps humain est particulièrement centrale et visible, dans une relation physique au tissage faisant référence à la fibre musculaire, la superposition des couches de tissu évoquant les études anatomiques. L’intégration de fleurs séchées récoltées dans les jardins de la Villa Médicis à Rome renforce la dimension organique des œuvres et fait penser à des boyaux et des tripes alors que des fils rouges ou roses font penser aux différents fluides humains.
Jeanne Vicerial mène ainsi une véritable recherche sur la représentation du corps féminin, puisant notamment son inspiration dans les Vénus ouvertes de Clemente Susini, représentant systématiquement les femmes dans une position allongée et dans une situation de souffrance ou de jouissance. La chercheuse, qui cherche à renverser cette image, joue ainsi littéralement avec l’idée de la femme à fleur de peau tout en intégrant la notion du temps, du vieillissement voire du pourrissement à travers la cohabitation entre le végétal et le textile.
Mais dans l’exposition, contrairement aux Vénus de Susini, seule une sculpture est allongée, les autres se dressant debout, à la verticale. Cette œuvre suggère l’horizontalité de la table d’opération, de dissection ou encore de la table de couture, mais elle représente aussi et surtout une étape du travail de Jeanne Vicerial qui confectionne ses œuvres dans cette position avant de les redresser.
La dimension sensible de l’exposition ne s’arrête pas à sa beauté plastique et matérielle, mais est complétée par les deux parfums diffusés dans l’espace, l'un des fleurs et l'autre de la peau humaine. On mesure alors toute la richesse des créations de Jeanne Vicerial, qui s’inscrivent dans une démarche artistique, intellectuelle et sensitive globale, en dialogue régulier avec de nombreuses autres disciplines telles que la photographie, la danse, la musique, la performance, la sculpture ou encore la parfumerie.
Présences Jeanne Vicérial
Galerie Templon
rue Veydt 13A
1060 Bruxelles
Jusqu'au 23 avril
Du mardi au samedi de 11h à 18h
templon.com
Journaliste
Après une formation en danse classique et contemporaine au conservatoire et des études à Sciences Po, elle s'installe à Bruxelles pour se consacrer à la danse et à la chorégraphie. Journaliste pour le site Mu in the city et le magazine Mouvement, elle s'empare de l'écriture pour partager son goût pour toutes les formes de création contemporaine et sa conviction que l'art a le pouvoir de changer la petite et la grande histoire.
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