Voyages en train à La Louvière

Eric Valenne
15 janvier 2022

Présentées au Centre de la Gravure et de l’image imprimée (CGII) de La Louvière dans le cadre d'Europalia, 150 affiches des chemins de fer belges font voyager au rythme des époques, des techniques et des styles…

Elles invitent à voyager au fil des rails et des modes, des techniques et des supports, mais également au rythme du déploiement du réseau ferroviaire. Présentées au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée (CGII) de La Louvière, elles racontent l'histoire de nos chemins de fer belges, en parallèle au monde du rail et du rail dans le monde. En parallèle également aux techniques des arts graphiques, lesquels évoluent selon les époques, les styles et les signatures des artistes comme Alechinsky, Capouillard, Funken, Massonet, Moussiaux, Pasture, Verbaere ainsi que bien d’autres connus et moins connus. Sans oublier une multitude d’anonymes embarqués dans cette aventure iconographique…


Premiers trains, premières affiche

Alors que les premiers trains reliaient Bruxelles à Malines en 1835 (3 locomotives en fait, un 15 mai plus précisément), débutait une formidable aventure. Le sifflement des locomotives avait donné le signal à l’essor d’un moyen de transport rapide et extraordinaire. Tout d’abord au service de l’économie et des marchandises. Ensuite et très tôt, au service des premiers voyageurs, même si à l’époque, ces derniers se devaient d’être nantis. Bientôt, le réseau allait se déployer et les classes différentes se compartimenter pour donner envie à tous de voir du pays, notre petite Belgique en premier territoire continental européen. C’était avant la voiture. Et le rail n’avait pas encore à se vendre…


Rails et courants artistiques

Les premières affiches racontaient par la typographie la naissance des chemins de fer en évoquant les fêtes d'inauguration des nouvelles lignes : Bruxelles-Anvers, ensuite Hal-Tubize… Qu’il s’agisse de l’impression en taille douce, de l’héliogravure, puis du dessin, de la peinture et de la gravure, elles étaient exposées dans les gares, bien accrochées aux technologies et aux techniques artistiques des époques traversées. Pour prendre une vitesse supérieure vers les années 1900. Elles vantaient (déjà) les excursions en train vers les plages belges, les grottes de Han et de Remouchamps, l’Ardenne, Spa, Malmedy. Voire Paris et son expo universelle, puis l’Angleterre... Elles se sont attachées aux modes, s’inspirant avec passion des courants artistiques comme l’Art déco. Elles inviteront la Femme à y imprimer sa douceur et son image éthérée, en suivant les codes des années 1920 et 1930. Puis la photo va s’inviter parfois dans l’aventure pour remplacer progressivement le dessin. Car désormais, les affiches sortent des gares et s’exposent partout.


Des techniques accrochées aux époques

Utilisé par tous, le train file, bien accroché au progrès et ouvrant les frontières en reliant également les grandes villes d’Europe avec le mythique TEE (Trans-Europe-Express). Concurrencé par la voiture, sa grande rivale, il l’invitera à bord avec les rames de nuit vers les plages du Midi ou la montagne. De somptueuses affiches racontent cette époque. Ensuite, les voyageurs des années 1970 étaient invités à redécouvrir les beaux-arts et notre patrimoine. En prenant le train, cela va de soi. Lequel a évolué sans cesse et est devenu une composante du transport multimodal (bateaux, péniches, camions…) tout en évoluant en un type de transport très sécurisé, voire déjà économiquement sympa dans les années 1980 avec toutes sortes de formules placardées pour voyager moins cher.

Alors qu’à l’international, les voitures Pullman, les trains autos-couchettes et les wagons-lits offraient depuis belle lurette leur part de rêve, les affiches se devaient encore de raconter l’épopée des trains de nuit et le rêve des voyages rythmés par le crissement des essieux et des roues sur le métal. Avant que l’avion ne décolle et se démocratise pour rudement concurrencer le rail. Même si aujourd’hui, comme un clin d’œil, les trains de nuit semblent prendre leur revanche sur l’aérien entre quelques grandes villes européennes. C’est ce que racontent les affiches à propos du train : toujours plus vert, moins cher, plus rapide, écosympa, sans émissions de CO2, écoresponsable, durable, etc.


Embarquement immédiat, le feu est vert, attention au départ

Le CGII et EUROPALIA ont invité Nayel Zeaiter à développer lors d’une résidence au musée une œuvre contemporaine présentée in situ et en relation directe avec la ville de La Louvière. Cette œuvre originale représente le processus de fabrication du rail dans la région de La Louvière, depuis l'extraction du charbon jusqu'à la sortie du rail de l'usine, puis à son utilisation vers le canal où il est transbordé sur des péniches.

Lines & Tracks s'inscrit dans le cadre de l'année ferroviaire 2021, désignée année européenne du rail par la Commission européenne. De ce fait, Europalia a donc décidé pour cette édition 2021-22 (cela tombe bien, en ces temps de pandémie) de rester au pays tout en donnant l’envie de voyager grâce au rail et à son image, décliné dans une septantaine d’évènements culturels et artistiques.

Pour rappel, le dernier Europalia proposait la Roumanie en 2019 et la Géorgie sera le thème en 2023. Cette année célèbre également les 175 ans de la liaison ferroviaire Bruxelles-Paris, les 40 ans du TGV, les 25 ans du Thalys... Quelque 70 projets artistiques sont ainsi à découvrir dans le cadre d'Europalia Trains & Tracks, programme multidisciplinaire sur le thème du train, au sein d'institutions culturelles à travers la Belgique, ainsi que dans certaines gares et… certains trains.

Lines & Tracks
Centre de la Gravure et de l'Image imprimée
10 rue des Amours
7100 La Louvière
Jusqu'au 14 mai 
Du mardi au dimanche de 10h à 18h 
www.centredelagravure.be

Eric Valenne

Journaliste

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