La dernière exposition de Lionel Estève chez Baronian Xippas déborde de son titre. Si l’on a bien une histoire simple racontée avec des dessins au fil de cuivre, c’est aussi une ode à la simplicité où beauté et banalité partagent plus qu’une lettre.
Lionel Estève travaille par projet. Derrière ce terme un peu managérial, il y a un artiste curieux qui a envie d’essayer sans cesse de nouvelles choses, qui prend plaisir à se réinventer en se posant d’autres défis créatifs et techniques. Derrière Une Histoire simple, exposée chez Baronian Xippas, le souhait de raconter une histoire en image, ouverte et accessible. « Après l’écriture d’un petit récit autobiographique, j’ai été frappé par la différence de compréhension entre les deux médiums. Autant le visuel pouvait sembler difficile d’accès, par moment confus, autant le texte permettait une compréhension immédiate. C’est pourquoi j’ai voulu raconter une histoire simple en images avec quelques éléments qui évoluent de manière chronologique. » Voilà pour le contexte. Pour la manière et pour la forme, l’artiste a emprunté des chemins de traverse, inédits pour lui et en même temps totalement en cohérence avec son vocabulaire artistique. Chaque œuvre, de format identique, est constituée d’un dessin en fils de cuivre colorés posés sur un fond coloré uni. Le trait est simple et flottant. Dans un esprit de récupération, l’artiste a utilisé pour ses fonds les matériaux les plus improbables, des tissus de nettoyage, des « lavettes » comme on dit chez nous, ou du plastibulle qui font écho à la simplicité du récit qui est aussi une ode à la beauté du banal. Au total, 21 dessins réalisés comme des sculptures, chaque brin de cuivre ayant été découpé courbé, soudé, puis peint à l’acrylique. Comme une superproduction, le récit s’ouvre par son titre générique, puis pose ses jalons, en introduisant le décor, les personnages et la temporalité, du soir au matin. Chaque image n’a pas besoin des autres pour respirer au regard. Autre récit, autres traits, Estève introduit une allusion à la chiromancie qui, telle une mise en abyme, raconte un destin avec les lignes de la main. Ailleurs, on suit une étoile filante et ses traits de lumière dans le ciel. Le récit se conclut par une belle planche où des yeux ouverts, entrouverts et fermés sont posés sur un fond rouge comme les spécimens dans la collection d’un entomologiste.
La galerie présente également Maternities, sculptures de l’artiste sénégalaise Seyni Awa Camara. Celle qu’on appelle aussi la magicienne de la terre perpétue les méthodes de cuisson ancestrales de l’argile pour donner forme à des personnages nés de ses rêves et de son imaginaire fantasque. Femmes submergées de grappes d’enfants agrippés à leurs basques ou têtes de divinités domestiques bienveillantes aux yeux exorbités, elle crée un art qui s’affranchit des époques et des cultures pour rayonner paisiblement.
Lionel Estève
Une histoire simple
Seyni Awa Camara
Maternités
Baronian Xippas
2 rue Isidore Verheyden
1050 Bruxelles
jusqu’au 24 octobre
Du mardi au samedi de 11h à 18h
www.baronianxippas.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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