Nouvelle exposition de Chantal Ripol à la Galerie ABC au Sablon. Cette artiste d’origine espagnole qui vit et travaille à Ixelles peint des natures mortes qui sont comme des paysages.
Chantal Ripol peint depuis son atelier au dernier étage de sa maison bruxelloise, dans le silence et une sorte de recueillement. Couleurs franches et pures et compositions rigoureuses sont au service d’une peinture d’une poésie assumée. « Je suis née dans un village au bord de la Méditerranée et les couleurs et la lumière de ce paysage, m’accompagnent toujours, même si j’ ai quitté l’ Espagne à mes 24 ans, » dit-elle.
Deux motifs récurrents dans ses peintures, une cocotte et un bateau en papier. Deux objets-jeux de l’enfance, réminiscences des jeunes années. Pliages qui transforment une page blanche en un objet en volume. Ce passage de l’objet en deux dimensions à l’objet en 3D n’est pas anodin. Combien de générations d’artistes ont-ils cherché à rendre le volume par le pli ? On sait le goût de Ripol pour les peintures de Zurbaran et particulièrement celle aux moines cachés sous les plis de leur houppelande blanche. Le pli, donc, motif qui raconte le volume, à rendre en un subtil camaïeu de gris sur le blanc du papier.
Mais encore, qui ne se souvient pas de ce plaisir enfantin de réaliser ces pliages ? Et comme il était délicieux de cacher sous les plis quelques dessins ou messages secrets ? Les cocottes et petits bateaux de papier de Chantal Ripol semblent cacher quelques secrets. Posés sur une étagère, entourés de nuages, voguant sur l’eau, légers et jouettes, ne masqueraient-ils pas au creux de leurs plis quelques contes non dits?
Voyez cette cocotte posée sur une petite cage à oiseau. Objet léger et clair sur cette petite prison sombre. Sous l’anodin des objets quotidiens, et peut-être sans s’en rendre compte, l’artiste raconte des liens et des histoires qui arrivent comme d’énigmatiques messagers depuis le plus profond de son inconscient. C’est justement cela qui fait la poésie de ses propositions.
Parfois, Ripol s’approprie quelques codes du surréalisme. Ainsi, Le ciel dans un bocal, une huile sur toile construite comme un collage : le nuages sont dans le bocal, table, morceau d’océan et île jouent de leurs perspectives. Toujours avec ces couleurs franches, pures, denses, les toiles de Chantal Ripol offrent à notre regard des paysages faussement naïfs, dans lesquels les liens entre les motifs dévoilent de silencieux secrets, qu’il vous appartient de saisir.
Chantal Ripol
Galerie ABC
53 rue Lebeau
1000 Bruxelles
Jusqu'au 28 novembre
Du jeudi au dimanche de 11h à 18h
www.chantalripol.com
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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